Les chefs d’état-major des armées de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) se sont réunis lundi 24 février à Dar-es-salam en Tanzanie, sur la question sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo.
Décidée par les chefs d’États de l’EAC et de la SADC, cette rencontre avait pour mission d’étudier les voies et moyens pour instaurer le « cessez-le-feu », important pour taire les armes et les combats qui se sont intensifiés au lendemain du sommet avorté du 15 décembre 2024 à Luanda (Angola), en raison de l’absence du Président rwandais Paul Kagame.
Parmi les décisions, ces chefs militaires ont insisté sur le cessez-le-feu immédiat décidé par les chefs d’États lors du sommet EAC-SADC du 8 février dernier, pouvant permettre à la désescalade entres les parties prenantes au conflit pour ouvrir la voie à d’autres étapes.
D’autres résolutions tiennent à la réouverture des axes stratégiques pour faciliter les échanges commerciaux et l’acheminement de l’aide ; l’urgence d’apporter une aide humanitaire pour soulager les populations touchées ou affectées par la crise et surtout, la réouverture des aéroports de Goma et de Bukavu, fermés depuis le contrôle de la région par la coalition AFC-M23.
Vers une force militaire hybride dans le Nord et Sud-Kivu
L’une des décisions majeures voire phares de cette réunion, est le déploiement dans les prochains jours, d’une force militaire hybride EAC-SADC-UA, envisagée pour « instaurer l’autorité de l’État » dans la zone occupée par la coalition AFC-M23.
Les deux organisations sous-régionales (EAC et SADC) ont la particularité d’avoir déjà déployé des troupes durant cette même crise. La Force régionale de l’East africain community (EAC-RF) avait débuté la marche entre octobre 2022 et novembre 2023.
Sa particularité, elle avait réussi à stabiliser durant de nombreux mois la région, en s’interposant entre les parties combattantes, avant d’être accusée de complicité avec le M23 et inéfficace pour résoudre la crise sécuritaire de l’Est de la RDC.
La seconde force, la Mission de la SADC en République démocratique du Congo (SAMIDRC) a connu des moments difficiles face au groupe rebelle, devenu de plus en plus agressif et menaçant. Déployée en novembre 2023 en remplacement de l’EAC-RF, cette nouvelle force est combattante. Elle a d’ailleurs perdu de nombreux soldats dont des sud-africains et des Tanzaniens durant les affrontements autour de la cité stratégique de Sake, dans le territoire de Masisi.
Lors de chute de Goma le 27 janvier dernier, les troupes de la Samidrc se sont retrouvées encerclées et enfermées dans leurs bases. Le lundi 24 février, au moins 250 militaires des forces malawites parmi lesquels des blessés, ont quitté la ville de Goma au Nord-Kivu (RDC) au travers la Grande barrière en direction du Rwanda pour leur retour au pays, ouvrant ainsi la voie au départ de la Mission de la SADC en RDC.
Une autre question troublante est le « statut spécial » qui sera accordé aux villes de Goma et de Bukavu, proposé par les chefs d’état-major des armées de la SADC et de l’EAC. Ce statut pourra permettre la remise de la gestion de ces villes à Kinshasa. Nos confrères de Africa Intelligence rapportent que ce « statut » offrira l’opportunité de stabiliser les deux entités, au lendemain du retrait du M23. Néanmoins, les modalités restent à définir pour cette fin.
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La Rédaction