Depuis le sommet tripartite avorté du 15 décembre 2024, le Processus de Luanda traverse des eaux troubles. Sans un chronogramme précis pour la suite des discussions et Kinshasa et Kigali qui peinent à trouver un consensus pour sortir du chaos, le processus se trouve au point mort.
Au lendemain de ce raté, le cessez-le-feu entré en vigueur le 04 août dans le cadre du même processus, vascille et patauge dans la boue avec les affrontements qui ont pris des allures inquiétantes sur le terrain. La rébellion congolo-rwandaise du M23-AFC est intraitable et a depuis lors, élargi sa zone d’influence.
Le Processus de Luanda est dans une impasse totale et le médiateur désigné par l’Union africaine pour conduire les discussions, est à bout de souffle. Dans un entretien avec le magazine Jeune Afrique, le Président angolais João Lourenço a clairement décidé de jeter l’éponge.
« Il est temps pour moi de passer le témoin à un autre chef d’État concernant la médiation entre Kinshasa et Kigali », s’est exprimé le Président Angolais et médiateur dans le Processus de Luanda, João Lourenço, tournant ainsi la page à un processus, pourtant salué par Kinshasa comme l’un des moyens pour conduire à la paix.
Kinshasa a rendu les discussions impossibles
Si Paul Kagame est le visage phare de la débâcle du Processus de Luanda suite à son absence volontaire et décidée lors du sommet du 15 décembre 2024, Kinshasa au travers Félix-Antoine Tshisekedi, n’a pas rendu les discussions possibles pour la désescalade dans le conflit qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo.
Les différentes prédications du médiateur João Lourenço pour amener Kinshasa à changer sa position de « non négociation » avec la coalition AFC/M23 bien que consciente de sa nécessité, n’ont pas produit des résultats escomptés.
Le Gouvernement Congolais reconnait qu’il y a une nécessité de négocier directement avec l’AFC/M23, renseigne João Lourenço. « Les autorités congolaises ont conscience de la nécessité de parler avec toutes les parties, y compris au M23, et nous avons plaidé en ce sens auprès du Président Félix Tshisekedi », a indiqué le médiateur.
L’exemple angolais a même été rappelé au Président Congolais. En effet, l’Angola a également connu au cours de son histoire, des moments difficiles avec une longue guerre civile. « Pour y mettre fin, nous avons dû parler avec tout le monde », a rappelé le Président angolais. « Pour résoudre un conflit opposant les fils d’un même pays, il n’y a pas d’autre solution que de se parler », insiste-t-il devant Jeune Afrique.
Les prochains jours seront déterminants pour le Processus de Luanda, même si le médiateur a clairement laissé entendre son intention de laisser cette charge à un autre chef d’État pour poursuivre les discussions entre Kinshasa et Kigali.
Les envies de dialogue se font de plus en plus ressentir du côté du Gouvernement congolais : le passage du duo CENCO-ECC à Goma, occupée par la coalition AFC/M23 et le soutien qu’apporte ls Président Félix Tshisekedi à leur démarche, témoigne de ce souci de mettre fin au conflit au travers une discussion, qui conduira à une résolution pacifique de la guerre qui continue son bonhomme de chemin dans la province dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, et Lubero au Nord-Kivu.
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La Rédaction