Depuis quelques jours, les autorités burundaises et les représentants du CNDD-FDD font de nouveau appel aux Imbonerakure, alors que ces derniers étaient en perte d’influence. La raison invoquée, est la crainte d’une rébellion.
Chaque opposant, y compris ceux du parti Uprona proche du pouvoir ferait l’objet d’une surveillance. Selon des Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel), les ordres sont venus de leurs supérieurs.
« Nous devons renforcer les rondes nocturnes. Chaque maison où vit un membre du CNL, doit être surveillée jour et nuit », relatent-ils. « Même chose pour les militants de l’Uprona car ces derniers temps, leurs responsables ont eu des discours qui ne plaisent pas », ajoutent ces Imbonerakure.
Les autorités burundaises seraient convaincues de la présence des rebelles sur le territoire national.
« Selon elles, ce sont les militants de l’opposition, surtout les membres du CNL qui les hébergent. C’est justement pour cette raison que nous devons les surveiller », poursuivent les Imbonerakure interrogés.
« On nous a redistribué des talkie-walkie. On nous a dit que nous devons toujours être prêts à servir la nation, aux côtés de nos militaires et policiers. Nos autorités prennent la situation très au sérieux », raconte un Imbonerakure, qui participe aux rondes nocturnes malgré lui, selon ses propos.
Par ailleurs, les Nyumbakumi (personnes responsables d’une dizaine de maisons) se retrouvent sous la menace. « Chaque Nyumbakumi qui ne sera pas capable de fournir des rapports concrets sur ce qui se passe dans les ménages des opposants, sera limogé et considéré comme collaborateur de l’ennemi », insistent-ils.
Remis en scène !
Le président Ndayishimiye avait remis en scène les Imbonerakure en août 2023, lors d’une journée qui leur est dédiée. Il avait alors loué leur rôle dans la sécurisation des frontières du pays. « Le Burundi est gardé car nous avons les Imbonerakure. Celui qui n’y croit pas, qu’il vienne violer nos frontières. Il sera désillusionné », avait-il déclaré.
Sur le même ton et s’exprimant en langue nationale (Kirundi), il s’était félicité de la présence des Imbonerakure sur les rondes nocturnes, et avait appelé à les multiplier.
« Les Imbonerakure sont capables de garder chaque petite sortie de nos frontières. Personne ne peut tromper leur vigilance. Je vous demande de rester en alerte car là où se trouve Dieu, se trouve aussi le diable. Un Imbonerakure qui ne passe pas la nuit dans des rondes, n’est pas digne de porter ce nom. Un Imbonerakure apeuré n’est pas digne de porter ce nom »,avait lancé le chef de l’État.
Selon Évariste Ndayishimiye, c’est l’Occident qui est derrière le dénigrement de la ligue des jeunes et ce, depuis la crise de 2015. « L’ONU, l’Union européenne et certains pays qui tolèrent encore l’idée impérialiste, ont terni l’image des Imbonerakure pour avoir refusé que des assassins tuent les Burundais et résisté face à l’invasion du Burundi », a affirmé le président Ndayishimiye.
Pour rappel, à l’époque, l’ONU avait qualifié les « Imbonerakure » de milice et d’outil de répression du régime CNDD-FDD.
La Rédaction