La seule solution aux problèmes entre le Rwanda et le Burundi qui vient de fermer ses frontières terrestres avec ce pays, c’est d’engager des pourparlers. Une proposition de la directrice Afrique au service Européen pour l’action extérieure, lundi 15 janvier 2024 à Bujumbura (Burundi).
Pour Rita Laranjinha, il faut qu’il y ait un dialogue étroit entre les pays de la sous-région pour qu’à travers ces pourparlers, l’on puisse surmonter les différences.
Vous savez a-t-elle expliqué, l’UE a été construite entre États membres au lendemain d’un grave conflit mondial et l’UE a pu être un succès, elle a pu consolider la paix en Europe parce que ces pays ont voulu s’asseoir ensemble, regarder quels étaient leurs intérêts, leurs points communs et ensemble, ils ont pu trouver des solutions.
“Et c’est cet exemple que nous aimerions partager avec les pays de la région, passer ce message que sans le dialogue, sans l’intérêt commun, il sera difficile de trouver des solutions communes”, a souligné cette diplomate
Pour Mme Rita Laranjinha, cette fermeture des frontières est une préoccupation pour les pays de la sous-région, et pour les populations. “Il faut prendre l’exemple de l’UE, l’ouverture des frontières était à la base de la construction du projet européen, pour que les populations puissent passer d’un côté à l’autre et que les biens puissent circuler”.
Selon la Directrice Afrique au Service européen pour l’Action extérieure, cette libéralisation autour de l’ouverture des frontières, a été très importante pour la prospérité, la stabilité et la consolidation du projet européen. “Nous recommandons cet exemple pour qu’il y ait une tentative de surmonter les difficultés actuelles, et de remettre la situation comme celle qui prévalait auparavant”, a appelé cette diplomate.
“Nos relations, c’est comme la météo”, dixit Albert Shingiro
Au moment où certains acteurs socio-politiques burundais approuvent la décision de Gitega de fermer ses frontières terrestres avec le Rwanda, d’autres sont partagés entre indignation et condamnation, à demi-mot, le chef de la diplomatie burundaise a tenu, devant les députés vendredi 12 janvier, à apporter une certaine nuance.
Tout en restant ferme, le ministre burundais des Affaires étrangères et de la coopération au développement a été clair : “Entre États, il y a toujours des hauts et des bas dans leurs relations. C’est comme la météo”.
De fois, fait remarquer l’ambassadeur Albert Shingiro, de fortes pluies peuvent abîmer les cultures ou le soleil peut être fort, et causer des dégâts dans les champs.
Tantôt note-t-il, le soleil peut être doux, avec des précipitations modérées à faire bien pousser les cultures, et c’est pareil pour les relations entre les pays, qu’ils soient lointains ou limitrophes.
Pour les relations avec le Rwanda, explique-t-il, il arrive qu’il y ait des orages, ce qui est néfaste pour les cultures et des fois, le ciel est clément. Souvent, a-t-il tenu à souligner, nous nous retrouvons dans une mauvaise passe mais comme la sagesse burundaise le dit, toute pluie, si forte soit-elle, finit par cesser.
“Tout va rentrer dans l’ordre. Si aujourd’hui, il y a orage, il y aura un temps où les précipitations seront modérées avec un soleil doux et les relations redeviendront normales”, a-t-il laissé entendre.
Ce n’était pas fini à l’hémicycle de Kigobe, certains députés sont revenus à la charge avec des questions, pour comprendre les tenants et les aboutissants de la décision de Gitega : “Il y a plus problèmes épineux entre la RDC et le Rwanda, et pourtant leurs frontières restent ouvertes mais les malentendus avec Kigali ont conduit à la fermeture des frontières. Comment expliquez ce paradoxe ?”
La souveraineté prime
La seule explication fait savoir le chef de la diplomatie burundaise, c’est que chaque pays tient à sa souveraineté et il a son organisation. “Personne ne sait pourquoi la RDC n’a pas encore fermé ses frontières, mais nous ne nous ingérons pas dans les affaires internes de ce pays, pour demander pourquoi il ne l’a pas encore fait”.
Selon le ministre Albert Shingiro, chaque pays jouit de son autodétermination, alors pour notre pays, le gouvernement peut en toute indépendance prendre une décision, ce n’est pas seulement en rapport avec les frontières. “Chaque pays agit en toute souveraineté, ceci est important, personne alors ne peut venir vous demander de rendre des comptes”, a-t-il statué.
Mais d’autres voix, rivalisant de rhétorique sur cette mesure unilatérale du gouvernement burundais de fermer ses frontières terrestres avec le Rwanda, ont été élevées dont certaines se désolent de cette décisions prise sans penser aux conséquences sur les populations de deux pays, arguant qu’il fallait plutôt privilégier d’autres voies diplomatiques.
La Rédaction