Le Rwanda est actuellement au centre d’une controverse internationale avec Human rights watch (HRW), accusant les autorités rwandaises d’être impliquées dans des meurtres, des enlèvements et des actes de violence contre des dissidents à l’étranger. HRW, une organisation de défense des droits de l’homme a lancé ces accusations, après avoir mené des entretiens approfondis avec plus de 150 personnes, notamment en France, en Afrique du Sud et aux États-unis.
Dirigé de manière ferme par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994, le Rwanda fait face à des allégations graves concernant sa répression présumée des opposants à l’étranger. Le parti du président, le Front patriotique rwandais (FPR) aurait vigoureusement réagi aux critiques, mettant en place diverses mesures pour faire face aux opposants, qu’ils soient réels ou présumés. HRW a documenté plus de dix cas de meurtres, d’enlèvements, de tentatives d’enlèvement, de disparitions forcées et d’agressions physiques visant des ressortissants rwandais résidant à l’étranger.
Le gouvernement rwandais par le biais de sa porte-parole Yolande Makolo, a vivement rejeté ces accusations. Makolo a affirmé que HRW dépeignait une image déformée du Rwanda, et a plutôt souligné les efforts du pays pour promouvoir les droits, le bien-être et la dignité de ses citoyens au cours des dernières décennies.
HRW a concentré ses enquêtes sur ces allégations de violations des droits de l’homme depuis 2017, et les résultats de leurs recherches sont troublants. Depuis mai 2021, l’organisation a enregistré au moins trois meurtres ou disparitions suspectes des Rwandais à l’étranger, avec deux autres victimes ayant survécu à des tentatives d’enlèvement, notamment au Mozambique.
Un cas particulièrement poignant est celui de Seleman Masiya, un homme d’affaires et footballeur rwandais qui avait le statut de demandeur d’asile au Mozambique. En juillet 2022, Masiya a été retrouvé mort à son domicile, poignardé à plusieurs reprises. Selon HRW, il avait subi des pressions pour collaborer avec le gouvernement rwandais.
HRW critique également la communauté internationale, pour avoir détourné le regard face aux violations présumées des droits de l’homme au Rwanda. Cette attitude serait en partie attribuable à la participation du Rwanda à des opérations de maintien de la paix en Afrique, notamment en Centrafrique et au Mozambique, pour contrer une insurrection armée jihadiste.
L’ONG pointe également du doigt les responsables des ambassades rwandaises et les membres de Rwandan community abroad (RCA), un réseau international d’associations de la diaspora liées au ministère des Affaires étrangères, accusées de surveiller et de faire pression sur les demandeurs d’asile et les réfugiés.
Même dans les pays occidentaux comme la Belgique, le Royaume-uni et la France, HRW affirme que Kigali a réussi à instaurer un climat de peur, parmi les populations réfugiées. Les proches restés au Rwanda subiraient également des détentions arbitraires et des assassinats présumés, dans le but d’exercer des pressions sur leurs proches à l’étranger afin qu’ils cessent leur activisme.
En conclusion, HRW appelle la communauté internationale à prendre des mesures contre cette prétendue “répression extraterritoriale” et exhorte le Rwanda à enquêter de manière approfondie, sur les allégations de violations des droits de l’homme. Cette affaire soulève des préoccupations importantes quant au respect des droits de l’homme au Rwanda, et à la nécessité d’une réponse appropriée de la communauté mondiale.
Nazali M Tatu