Depuis deux semaines, Médecins sans frontières (MSF) vole au secours des déplacés massés dans le camp de Rusayo 3, un prolongement des camps Rusayo 1 et 2 dans le territoire meurtri de Nyiragongo au Nord-Kivu.
Sur ce théâtre des affrontements meurtriers entre les terroristes du M23 et les forces loyalistes, MSF déploie ses équipes pour distribuer l’assistance vitale aux 30v000 civils déracinés : abris de fortune, kits d’hygiène et ustensiles de cuisine pour affronter des conditions de vie dantesques.
Le Dr Jean-Paul Kasolwa, coordonnateur des opérations de MSF dans ce camp, dévoile la stratégie : cibler en priorité les plus vulnérables : enfants jusqu’à 15 ans, femmes enceintes et allaitantes, ainsi que le dépistage de la malnutrition ,qui décime les tout-petits de 6 à 59 mois dans la communauté. « Nous prodiguons des soins pour toutes les pathologies infantiles, recherchons activement les cas de malnutrition sévère, et assurons le suivi des survivantes de violences sexuelles, la planification familiale et la santé reproductive ».
Un dispensaire de fortune a même été érigé pour la prise en charge psychologique des déplacés et victimes traumatisées. « Les personnes qui se déplacent, les survivantes de violences sexuelles ont souvent des problèmes de santé mentale », souligne le médecin.
La malnutrition fait d’innombrables victimes parmi les plus fragiles. Nadine Baseme, une frêle adolescente de 18 ans déjà mère de deux bébés, fait la queue avec sa fille de 3 ans souffrant de Kwashiorkor, un œdème sévère. « Ma fille dépérit à vue d’œil depuis notre fuite de Kitshanga. Elle a terriblement gonflé. Moi-même, je suis à bout de forces. On m’a dit de venir ici pour qu’on nous soigne ».
Uneza Ngondwa, une autre déplacée de Sake, se lamente : « Heureusement MSF est là pour nous aider, sinon nous serions déjà morts de faim. Mes 6 enfants agonisent. Pour survivre, je n’ai d’autre choix que de partir ramasser du bois ou être porteuse à Kituku ».
En 15 jours, la clinique mobile de MSF a pris en charge 713 cas dont 328 enfants de moins de 5 ans, 147 enfants de 5 à 15 ans souffrant d’infections respiratoires et de diarrhées, ainsi que 49 cas critiques de malnutrition infantile. Parmi les 238 femmes auscultées, 50 étaient des survivantes de violences sexuelles.
Hormis cette assistance, Médecins sans frontières chemine et distribue de l’eau potable au sein du camp des déplacés de Rusayo 3. Au stade actuel, autour de 137 mètres cubes sont quotidiennement amenées sur le site, permettant la distribution de 4,4 litres d’eaux par jour et par déplacé.
Dans cet enfer, MSF reste un rempart contre la barbarie et la mort.
Guerschom Mohammed Vicci