Le général Jeff Nyagah, alors commandant de la force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est, a récemment déclaré que les troupes kenyanes ne pourront se charger que de la défense de l’aéroport international de Goma et de quelques immeubles clés de la ville. Des propos qui vont clairement à l’encontre de la mission assignée à cette force.
En effet, dans leur mission, telle que rendu public lors des initiatives ayant conduit à sa mise en place, cette force devrait s’attaquer à tous les groupes armés, M23 inclus, qui pullulent la partie orientale de la République Démocratique du Congo depuis plus de décennies. Une mission qui est désormais renvoyée au troisième plan si l’on en croit les propos du commandant de cette force.
Et depuis lors, les langues se délient sur la véritable mission de cette force. Si elles devraient attendre l’issue des solutions pacifiques à cette crise accentuée par les affrontements entre FARDC et M23 avant d’entamer des opérations contre les groupes armés, sa présence dans la ville de Goma, base de la force régionale, ne s’explique pas durant ces moments où les affrontements se resserrent mettant la ville de Goma en danger permanent.
Les troupes qui doivent constituer cette force devraient alors attendre les résolutions des dialogues et de la diplomatie avant d’être déployées parce que, selon son commandant, ses éléments ne pourront entre en jeu qu’après les échecs de ces deux voies pour pallier la crise.
Le général Jeff Nyagah a évoqué que la défense de l’aéroport international de Goma et de quelques immeubles clés que ses troupes devraient protéger à priori. Si ces troupes viennent pour l’aéroport international de Goma, l’histoire récente nous rapporte que même lors de l’entrée du Mouvement du 23 mars (M23) à 2012 dans la ville touristique, la ville de Goma était sous contrôle des éléments des casques bleus de la Monusco, des casques bleus qui sont toujours présents. Ce que cette idée tient pas debout.
L’angle des immeubles clés qu’ils affirment vouloir protéger également ne rassure pas. Dire que les troupes kenyanes assureront la protection des immeubles au cas où la ville tombait est un faux fuyant. La Monusco demeure en activité en République Démocratique du Congo et elle sait bien jouer ce rôle de protection de ses bases et des endroits stratégiques vu que l’accord de siège interdit de s’attaquer aux endroits occupés par ses éléments.
Rien aboutit dans ce sens. Ayant abordé les deux clés de cette sortie médiatique et qui sont sans fondement logique, les raisons qui expliquent la présence des troupes kenyanes dans la ville de Goma, ville qu’elles ne peuvent visiblement pas défendre si l’ennemi essaie d’attaquer, n’aboutissent en rien.
Auraient-elles d’autres missions que celle de combattre les groupes armés dans la province du Nord-Kivu ? Serait-il un moyen de rendre cette partie de la RDC un champ de bataille entre les intérêts égoïstes des pays de la région ? Ces armes rentreront-elles toutes après la fin de la mission ou certaines allumeront d’autres groupes armés dans les jours à venir ?
Toutes ces questions restent sans réponses. Néanmoins, le seul élément qui donnera la réponse à toutes ces questions sur l’ombre que donne cette présence nous sera donné par le temps.
Wait and see, disent les anglophones
Guerschom Mohammed Vicci