Dans la face cachée de la guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo, la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre, détruisant de nombreuses vies. Dans son communiqué de ce jeudi 12 juin, Médecins sans frontières (MSF) s’est montrée très inquiète de la prise en charge des victimes et survivantes.
L’organisation humanitaire médicale regrette le nombre de victimes et de survivantes de violences sexuelles atteint dans l’Est de la RDC. Au Nord-Kivu, la situation est inquiétante. Ces trois dernières années, des combats récurrents entre les forces gouvernementales et la rébellion du M23-AFC ont occasionné plus de victimes.
Durant seulement l’année 2024, MSF indique avoir pris en charge près de 40 000 victimes et survivantes dans le Nord-Kivu, témoignant la gravité de la situation sur le terrain. « Le nombre de victimes prises en charge par MSF a explosé ces trois dernières », en raison de la reprise des affrontements.
Seulement depuis janvier de cette année, les structures sanitaires appuyées par Médecins sans frontières dans les provinces du Nord et Sud-Kivu ont enregistré un nombre impressionnant de consultations. François Calas, responsable des programmes MSF au Nord-Kivu explique que « Le contexte dans cette région a changé, mais pas la problématique des violences sexuelles, dont les femmes sont majoritairement les premières victimes », rappelant que « Les violences sexuelles demeurent une urgence médicale qui exige une action immédiate ».
Le démantèlement des sites et camps de déplacés dans et autour de la ville de Goma au lendemain de sa chute entre les mains des rebelles du M23-AFC, n’a pas permis d’inverser la tendance. Le communiqué de MSF précise qu’entre janvier et avril, plus de 7 400 victimes et survivantes ont été prises en charge par des équipes de l’organisation dans les structures sanitaires se trouvant autour de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
La cité de Sake dans le territoire de Masisi, à l’ouest de Goma a quant à elle compté « plus de 2 400 victimes et survivantes qui ont également été prises en charge sur cette même période », renforçant ainsi l’inquiétude de Médecins sans frontières sur la prise en charge de toutes ces personnes qui se comptent à des milliers du jour au lendemain.
Pour arrêter ce cycle qui multiplie le nombre de victimes et survivantes, MSF exhorte les parties impliquées dans le conflit à améliorer non seulement la sécurité des populations civiles, mais aussi leur accès aux soins dans ce contexte difficile.
À la Communauté internationale, l’organisation humanitaire médicale appelle à la priorisation de la prise en charge des victimes et survivantes de violences sexuelles, en dépit des difficultés financières auxquelles elle est confrontée ces derniers mois.
Guerschom Mohammed Vicci