« Goma iko nguvu » (Goma est forte, Ndlr). En écoutant cette phrase, le commun de mortel laisserait sous-entendre l’orgueil. Et oui, Goma mérite son orgueil. La meilleure actrice du cinéaste de la République démocratique du Congo vit à Goma. Merveille Rushago, c’est une actrice moins connue de plusieurs mais, c’est elle, la meilleure actrice du cinéma du Grand Congo.
Après une prestation dans la peau de « l’amour » et de la « haine » dans le film « Les dés » sorti en 2023, celle qui affirme être au deuxième niveau de dix qu’elle voit dans son esprit, a atteint un autre firmament dans sa jeune carrière dans le cinéma de seulement 7 ans de toutes les émotions. La « Nyota » a brillé de mille fées dans le film et la RDC devrait se sentir fière de la compter parmi ses 100 mille habitants.
Dans « Les dés », film réalisé par Melanie Zawadi qui lui a fait glaner son premier trophée, l’étoile qui traduit son nom « Nyota », n’est pas passée inaperçue et Kinshasa a reconnu. En effet, lors du Festival international du cinéma de Kinshasa (Fickin), le prix de meilleure actrice du cinéma de la RDC a été rémis à Goma, qui dit Goma, dit Merveille Rushago dans le domaine du cinéma. Incarner deux personnages quasi contradictoires dans un seul film, n’est jamais facile et en plus « l’amour » et « la haine », il faut forcément avoir la trempe de Merveilles.
Retour sur la carrière de la cinéaste ou mieux, de la meilleure actrice du cinéma de la RDC
Le dessein et le destin de celle qui deviendra plus tard la meilleure actrice du Cinéma, commence à 2017. Comme qui dirait : tout a un début. Au départ, Merveille Rushago est allée à la croisée des personnes et des groupes qui faisaient déjà du cinéma, pour inscrire sa touche.
L’actrice incarne durant cette année le rôle de « Lisa » dans le film qui porte le même nom. Merveille Rushago trouve une place de l’actrice principale « Lisa ». L’étudiante est follement amoureuse d’un jeune garçon, pourtant pauvre. Alors, la famille de Lisa construit des murs pour séparer les deux amoureux sous des astres différents, poussant ainsi la fille dans les bras d’un homme riche, pour un avenir radieux de leur enfant. Plus tard, Lisa a fait son choix après avoir essayé en vain de se rallier à la cause de sa famille.
Lors de la réalisation de ce film, Merveille Rushago dit « Lisa » reconnait : « J’étais nerveuse ». On comprend : La première fois devant une camera qui enregistre, ce n’est pas du tout tâche facile. « Je n’ai cessé de demander : on peut reprendre une fois, je veux faire mieux », sourit l’actrice en se souvenant de l’époque. L’envie de s’améliorer, de perfectionner, de rendre le film parfait était déjà au rendez-vous, après ce premier pas. « Il y avait un peu de tout : la honte, la peur que les gens me voient faire des trucs comme ça ».
Après cette première apparition qui dessine carrément la suite de carrière de Merveille Rushago, on la retrouve :
– Ressource dans la peau de Safi ;
– Lésion, où elle est adoptée et elle le decouvre plus tard ;
– Jour de justice ;
– Clara où elle est encore actrice principale ;
– Kakuchifou où elle est dans la peau de Rachel ;
– Etc, …
Les difficultés, Merveille Rushago a rencontré des montagnes à gravir. La première et la plus difficile, c’est le regard de la famille. « Une fille qui fait le cinéma. Au départ, elle est prostistuée. Ça, c’est une pute », reconnait la meilleure actrice.
Elle a eu sa dose des préjugés et pour elle, la compréhension des parents est un atout majeur. « Cest papa qui m’a poussé à faire le cinéma ». L’actrice place son combat dans le souci d’être elle-même dans tout et pour tout : « Il faut d’abord que je sois moi pour que les autres m’approuvent ».
Le pire rôle incarné par Merveille Rushago et qui fait encore des « va-et-vient » dans son esprit, c’était lors d’une répétition. Ce jour-là, elle devrait jouer un rôle sur la plage et qui dit la plage, c’est à moitié nu. Pour l’actrice, c’était un rôle mais le regard des autres a mal joué sur la réputation, le geste posé par l’actrice. Elle se voit privée de deux mois de frais scolaire par ses parents, qui n’ont pas digéré ce fait de se faire dénuder. Sourire aux lèvres, regret du passé, Merveille se souvient de ce moment comme si c’était hier.
Et le meilleur rôle, sans aller à gauche ou à droite, c’est l’incarnation de « amour et haine » dans « Les dés ». La raison saute aux yeux : c’est au travers ces rôles qu’elle a été plebiscitée « Meilleure actrice du cinéma congolais en 2023 ». « Sans l’amour, la haine n’existe pas et sans la haine, l’amour n’existe pas ».
Les défis restent énormes. Pour elle, « Je suis encore au deuxième niveau » et de ce fait, « Je voudrais arriver au dixième niveau ». La partie n’est que remise pour le rêve de Merveille Rushago. « Ce qui me reste à faire, c’est de devenir une meilleure actrice au niveau international », c’est la partie visible de l’iceberg.
Merveille Rushago se veut également une meilleure réalisatrice des films. Néanmoins, elle garde sa tête sur les épaules. Tout ceci ne sera pas possible sans la rencontre des autres et elle le reconnait très bien. « Retrouver des gens qui m’aideront à aller au-delà de mes rêves » et la quête de devenir la meilleure cinéaste est une envie constante que nourrit Merveille Rushago.
Guerschom Mohammed Vicci