Des écarts dans la communication se laissent entrevoir sur la présence de l’armée ougandaise dans la province de l’Ituri, à l’Est de la République démocratique du Congo, où une délégation de UPDF et celle de cette province ont entamé des discussions.
Le porte-parole de l’armée dans la région, le lieutenant Jules Ngongo a signifié après des échanges lundi 17 février marqués par une descente dans le village Boga en territoire d’Irumu, que cette rencontre visait une mutualisation des forces pour faire face au défi sécuritaire.
Cette sortie médiatique est loin de rencontrer des tweets du chef d’état-major général de l’armée ougandaise, le Général d’armées Muhoozi Kainerugaba qui menaçait de prendre la ville de Bunia, capitale provinciale à l’issue d’un ultimatum de 24 heures, accordé aux forces en présence le week-end dernier.
Dans le journal Kampala post, les confrères laissent entendre que « les forces spéciales de reconnaissance de UPDF ont mené une opération rapide et stratégique, pénétrant avec succès à Bunia », ce qui est loin de la rencontre qui a vécu dans la capitale provinciale de l’Ituri.
D’autres réunions entre les Forces armées de la République démocratique du Congo et l’armée populaire de l’Ouganda (UPDF) sont notamment attendues ce mardi et demain mercredi, pour établir des stratégies pour faire face aux groupes armés locaux, devenus meurtriers ces derniers jours, si l’on en croit le Lieutenant Jules Ngongo dans sa communication du lundi, à l’issue de la rencontre avec la délégation ougandaise.
Récemment, l’armée ougandaise avait annoncé le renforcement de ses matériels dans le Grand-Nord de la province du Nord-Kivu et en Irumu dans l’Ituri, affirmant que cela rentrait dans le souci de protéger ses frontières et prévenir toute menace, qui pourrait provenir de la République démocratique du Congo, où des groupes armés comme ADF et M23 mènent des attaques contre les civils pour les uns, et contre les FARDC pour les autres.
Revenant sur le rapport du Groupe d’experts des Nations unies, le lien entre le M23-AFC et l’Ouganda n’est pas clair. Les experts avaient signifié que cette coalition, jusqu’ici accusée d’être soutenue par le Rwanda qui continue à réfuter sa participation, recevait également le soutien de Kampala.
Dans un tweet du week-end, le chef d’état-major général de l’armée ougandaise a clairement apporté son soutien au M23, en postant une vidéo où la voix du Général Sultani Makenga est entendue en train de diriger des opérations en distance, lesquelles avaient conduit à la chute de Masisi-centre au Nord-Kivu. Celui-ci n’a d’ailleurs jamais caché son soutien à Paul Kagame, qu’il appelle affectueusement « Oncle » et menaçant de s’attaquer à tout celui qui tentera de déstabiliser son « oncle ».

Il y a deux mois, la ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner avait convoqué le chargé d’affaires intérimaire de l’Ouganda en RDC pour obtenir des éclaircissements autour des sorties du chef d’état-major général de l’armée ougandaise. Cette rencontre n’aura pas suffi pour calmer les ardeurs du Général Muhoozi Kainerugaba, qui multiplie des sorties qui alimentent les doutes sur la position de l’Ouganda dans le conflit qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo.
La pression s’accentue de plus en plus sur Kinshasa, qui risque de voir la province de l’Ituri également menacée par une agression, cette fois-ci menée par l’Ouganda, jusqu’ici considéré comme un allié dans la traque des terroristes ADF dans le cadre des opérations militaires conjointes, depuis novembre 2021.
Ces écarts dans la communication doivent être rapidement éclaircis pour ne pas troubler la quiétude de la population dans cette partie de la République démocratique du Congo, marquée par des décennies de guerre qui déchirent la région avec des milliers de morts, sans parler des déplacés et des réfugiés qui se retrouvent éparpillés dans différents pays.
Lire aussi sur agoragrandslacs.net :
La Rédaction