Dans une déclaration conjointe rendue publique le 30 mai 2025, le gouvernement ougandais et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont mis en lumière les contraintes financières critiques entravant les opérations humanitaires en Ouganda, pays hôte de plus d’un million de réfugiés. C’est à l’issue d’une réunion du 23 mai, qu’il à été révélé que le HCR n’avait reçu que 17 % de son financement pour 2025. Une situation sans nul doute aggravée par le gel des contributions de l’administration Trump, donateur clé des Nations Unies.
Selon cette déclaration conjointe, le sous-financement a conduit à des mesures difficiles, comme des réductions de personnel décidées en concertation avec le gouvernement, visant à maintenir la transparence tout en préservant les services essentiels pour les réfugiés.
Le partenariat entre l’Ouganda et le HCR, mis en avant dans la déclaration, repose sur un engagement commun pour une réponse humanitaire alignée sur les priorités nationales. L’Ouganda maintient une politique d’accueil exemplaire, offrant aux réfugiés un accès à des terres et à des opportunités d’intégration, comme dans la coopérative agricole de Rwamwanja. Cependant, le sous-financement chronique menace la continuité des services de base, tels que l’accès à l’eau, à la santé et à l’éducation.
En 2024, lors d’une visite en Ouganda, Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a salué l’Ouganda comme « un exemple brillant » dans un monde hostile aux personnes en déplacement, lors d’un échange avec le président Museveni, tout en soulignant la nécessité de mesures concrètes pour garantir la sécurité des réfugiés, notamment dans les districts urbains.
L’afflux récent de 110 000 nouveaux réfugiés en 2025, dont environ 50 000 Congolais fuyant les troubles dans l’Est de la RDC, illustre les pressions croissantes sur les infrastructures ougandaises. Ces arrivées, enregistrées dans des centres comme Nyakabande et Nakivale, exacerbent les pénuries de ressources, notamment en matière d’hygiène et de soins médicaux. Le manque de fonds limite la capacité du HCR à répondre à ces besoins, aggravant les conditions de vie. Cet exemple concret reflète les conséquences directes des contraintes financières soulignées dans la déclaration conjointe, mettant en péril la réponse humanitaire face à des besoins croissants.
La déclaration conjointe lance un appel urgent à la communauté internationale pour un soutien financier renforcé, soulignant que la solidarité mondiale est essentielle pour maintenir la politique d’accueil de l’Ouganda. Matthew Crentsil, représentant du HCR en Ouganda, a averti : « Nous faisons de notre mieux pour éviter le désastre pour l’instant. Mais sans une injection immédiate de ressources supplémentaires, nous allons nous effondrer à partir du milieu de l’année ». Cet avertissement met en lumière l’urgence d’une mobilisation internationale pour éviter une interruption des services vitaux, qui risquerait d’exposer les réfugiés à des vulnérabilités accrues, notamment dans les camps surpeuplés.
Cette déclaration intervient dans un contexte politique sensible, avec les élections ougandaises de 2026 qui approchent. Des observateurs alertent sur la montée d’un discours anti-réfugiés parmi certains nationaux, alimenté par la perception que les réfugiés représentent un fardeau supplémentaire pour l’Ouganda. Ce sentiment, particulièrement marqué dans les zones urbaines, souligne l’urgence de renforcer la sécurité des réfugiés dans ces districts. Les tensions sociales, exacerbées par les contraintes économiques, risquent de compliquer davantage la gestion de la crise humanitaire, rendant les mesures de protection encore plus cruciales.
Face à ces défis, l’Ouganda et le HCR s’engagent à travailler ensemble pour préserver la dignité des réfugiés. Sans une réponse immédiate, la capacité de l’Ouganda à rester un refuge exemplaire risque d’être gravement compromise.
Claudine N. I.