Le président rwandais Paul Kagame a procédé ce mercredi 30 août, à d’importants changements dans la hiérarchie de l’armée rwandaise (RDF). Plusieurs hauts gradés, dont des proches collaborateurs du président, ont été mis à la retraite. Parmi eux, le général James Kabarebe, ancien ministre de la Défense et figure centrale du RPF depuis sa création.
D’un autre côté, de nouveaux officiers ont été nommés à des postes de commandement clés. Il s’agit majoritairement d’une nouvelle génération de militaires, qui n’ont pas participé à la guerre de libération du FPR dans les années 1990.
Ces changements interviennent dans un contexte régional tendu, marqué par la résurgence des violences dans l’Est de la RDC voisin. Depuis plusieurs mois, le groupe terroriste M23 multiplie les offensives contre l’armée congolaise et les populations civiles. Le Rwanda est accusé par Kinshasa et les Nations unies de soutenir ce groupe rebelle, ce que Kigali dément fermement.
La mise à l’écart des anciens proches de Kagame pourrait donc être interprétée comme une volonté du président rwandais de tourner la page de l’implication passée du Rwanda dans les conflits en RDC. Certains des généraux retraités, comme James Kabarebe, sont en effet réputés pour leur implication dans la création et le soutien d’anciens groupes rebelles congolais dans les années 1990 et 2000.
L’arrivée de sang neuf à la tête de l’armée rwandaise vise probablement à afficher une rupture avec ces pratiques du passé, et à démontrer que le Rwanda ne soutient plus les rébellions dans les pays voisins.
Reste à savoir si ces changements auront un impact concret sur le terrain. L’affaiblissement des “faucons” historiques au sein de l’armée, pourrait fragiliser les canaux de soutien du Rwanda au M23. Néanmoins, le groupe rebelle semble avoir acquis une forte autonomie sur le terrain pour continuer les combats.
Surtout, ces mises à l’écart diminuent les risques de contestation interne contre Paul Kagame. Les généraux historiques représentaient les derniers éléments, capables de menacer son pouvoir. Leur départ permet au président de sécuriser son emprise sur l’armée, principal pilier de son régime autoritaire depuis 20 ans.
Au final, ces changements à la tête de l’armée rwandaise répondent avant tout à des enjeux de pouvoir internes. Leur impact réel sur les conflits régionaux reste à démontrer. Paul Kagame entend asseoir son contrôle sur l’appareil sécuritaire rwandais, mais ses intentions réelles vis-à-vis de la RDC demeurent ambigües.
Nazali M. Tatu