Le professeur d’Universités, Anselme Paluku Kitakya, député provincial en congé élu dans le territoire de Beni (Nord-Kivu) appelle le gouvernement congolais à impliquer les animateurs de la Justice dans bonne gestion des conflits fonciers pour sauvegarder l’unité des populations à travers le pays. Il a dans une interview accordée à AGORAGRANDSLACS.NET le mercredi 5 octobre 2022, insisté sur le respect de la législation foncière pour lutter contre des conflits de terre dans la région.
Cet expert en gestion des ressources naturelles évoque une série de facteurs qui seraient à l’origine des conflits fonciers en province du Nord-Kivu. C’est entre autres, la croissance démographique alimentée par le taux élevé de natalité et de nuptialité ainsi que le convoitise d’un espace par plusieurs activités socioéconomiques.
Il note aussi le phénomène des migrations internes et externes et l’urbanisation de grandes agglomérations au détriment des campagnes. Le professeur Anselme Kitakya se dresse également contre le mode d’acquisition des terres en République démocratique du Congo, parfois sous violations de la loi.
« Il y a des grands pâturages qui entourent des villages. Du coup, les occupants sont parfois obligés de migrer. A l’intérieur du pays, certains peuples peuvent se déplacer de leur lieu de naissance vers d’autres lieux. Ils sont toujours en quête des terres disponibles pour l’exploitation agricole. Il y a des migrations internes liées à l’insécurité. Pour les conflits fonciers, il n’y a pas que les terrains agricoles seulement mais aussi, sur les terres urbaines. Des terres coutumières quand elles sont vendues, les conflits changent de forme avec l’avènement des gros bétails par l’occupation des vastes champs au détriment de l’agriculture », a-t-il démontré.
Anselme Kitakya dénonce un dualisme de confrontation juridique d’expropriation des terres au niveau des textes légaux et des principes coutumiers. Ce qui, d’après lui, ne garantit pas la propriété foncière. D’où, un « déficit d’exarbation des différends fonciers en province. »
L’envahissement des terres : un autre fléau
Le professeur d’Universités Anselme Kitakya estime par ailleurs que les populations locales sont les plus victimes des conflits fonciers au Nord-Kivu suite à leur en incapacité de sécuriser l’envahissement de leurs terres. Il pense que les acquéreurs font face au même problème et se heurtent aux conflits de lignage sur terrain.
« Il n’y a pas de sécurité pour ceux qui acquiert les terres. Les paysans et les acquéreurs des terres ne sont pas sécurisés par le principe de gestion des terres. C’est donc, toute la société qui en souffre. Les conflits fonciers ont créé un malaise social qui affecte toute la population. Les investissements sont étouffés dans plusieurs entités. Mêmes les autorités coutumières en sont victimes », a-t-il fait savoir.
Pour résoudre les conflits fonciers au Nord-Kivu, cet expert en gestion des ressources naturelles invite l’État congolais à trouver des alternatives aux activités agricoles et insiste sur l’encadrement des migrations internes et externes sur le mode de gestion des terres. Il appelle également les services attitrés à réglementer l’urbanisation pour réduire les conflits y relatifs, dans le souci de réformer le secteur foncier non seulement au Nord-Kivu, mais sur toute l’étendue du territoire national.
Trésor Wayitsomaya