Selon des informations exclusives obtenues des sources fiables, les États-unis auraient un plan bien avancé pour établir une base militaire majeure au Kenya, dans les prochains mois. Cette base serait située à Wajir, dans le Nord-est du pays.
Ce projet s’inscrirait dans un renforcement sans précédent du partenariat militaire américano-kényan, récemment annoncé par Washington. Les États-unis ont en effet désigné le Kenya comme “allié majeur non membre de l’OTAN”, un statut privilégié jusqu’alors réservé à quelques pays seulement.
Dans la foulée, le régime Biden a promis un appui massif aux forces armées kényanes, comprenant notamment la livraison de 16 hélicoptères militaires de fabrication américaine (8 Huey et 8 MD-500), d’ici mi-2025. L’aide américaine devrait également inclure 150 véhicules blindés M1117, et le déploiement de conseillers militaires américains auprès de l’armée de l’air kényane.
Selon nos informations, pas moins de 7 conseillers américains pour les aviateurs et 1 conseiller logistique pour le ministère kényan de la Défense, seront déployés dans les prochains mois au Kenya.
Pour de nombreux analystes, cette coopération militaire renforcée cacherait des intérêts géostratégiques majeurs pour les États-unis, face à l’influence croissante des rivaux chinois et russes en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Récemment, plusieurs pays comme le Niger ou le Tchad, ont d’ailleurs expulsé les troupes américaines de leur sol.
Le Kenya, allié historique de Washington deviendrait ainsi la nouvelle tête de pont américaine dans la région, permettant aux États-unis de redéployer une partie de leurs soldats et équipements militaires, après leur retrait forcé d’autres pays africains.
Analyse
Cette coopération militaire renforcée avec le Kenya semble répondre à un besoin pressant pour les États-unis, de trouver de nouveaux points d’ancrage pour leurs forces armées en Afrique, face au reflux de leur influence dans d’autres régions du continent.
Le statut spécial “d’allié majeur non membre de l’OTAN” accordé au Kenya par Washington et les importants transferts d’équipements et de conseillers prévus, laissent penser que ce pays d’Afrique de l’Est deviendra un pivot essentiel pour la projection militaire américaine dans cette zone stratégique.
Plusieurs éléments renforcent cette analyse. Primo, l’annonce d’une nouvelle base américaine à Wajir, idéalement située dans le Nord-est kényan à la frontière avec la Somalie et l’Ethiopie. Segundo, la désignation du Kenya comme hôte de plus grands exercices militaires américains en Afrique. Tertio, le déploiement de conseillers intégrés au sein des forces armées kényanes, pour faciliter l’interopérabilité. Quarto, l’arrivée de matériels lourds (avions, blindés) qui laisse présager un engagement durable des troupes américaines.
Ceci étant, au-delà des motivations officielles de “lutte contre le terrorisme” et de “stabilité régionale”, ce renforcement des liens militaires semble surtout dicté par les intérêts géopolitiques américains, visant à contrer l’influence montante des rivaux chinois et russes, notamment en Afrique de l’Ouest.
Au risque cependant de déstabiliser davantage une région déjà instable, et de raviver certaines vieilles rancœurs anticoloniales en instrumentalisant une fois de plus un pays africain “allié”.
Franck Tatu