Luanda, 25 novembre 2024 – Réunis à Luanda sous la médiation angolaise, les représentants de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda ont poursuivi les discussions sur le Concept d’opérations (CONOPs). Ce document stratégique destiné à guider le Plan harmonisé pour neutraliser les FDLR et désengager les troupes rwandaises du territoire congolais, s’est révélé source de nombreuses ambiguïtés, freinant les progrès espérés.
Au cœur des débats, les termes clés tels que « mesures défensives » et « désengagement des troupes rwandaises » ont été vivement contestés par la délégation congolaise. Conduite par la ministre Thérèse K. Wagner, Kinshasa a réclamé des garanties concrètes et un calendrier clair pour la mise en œuvre du Plan. En réponse, le Rwanda, représenté par Olivier J.P. Nduhungirehe a maintenu des positions prudentes, privilégiant des formulations jugées floues par les observateurs. Cette posture a accentué les doutes sur la sincérité des engagements rwandais, notamment concernant le retrait de ses troupes présentes en profondeur sur le territoire congolais.
Le Plan reste également muet sur plusieurs aspects cruciaux. Les forces responsables des actions militaires contre les FDLR ne sont pas spécifiées, alors même que Kigali accuse régulièrement les FARDC de collusion avec ces groupes armés. Cette omission risque d’alimenter des tensions supplémentaires et de compromettre la confiance fragile entre les deux nations. De plus, aucune explication n’a été fournie sur la présence de la RDF (Forces rwandaises) à plus de 200 kilomètres au-delà de la frontière commune, dans des zones où les preuves de neutralisation des FDLR restent inexistantes.
L’absence de toute mention du M23 constitue une autre lacune majeure du Plan. Kinshasa considère que ce groupe rebelle est étroitement lié au soutien logistique et militaire du Rwanda. Cependant, la difficulté à différencier les combattants du M23 des infiltrés de la RDF, faute de mécanismes de recensement, complique toute tentative de dissolution effective. Cette omission alimente les craintes d’une stratégie visant à pérenniser l’instabilité dans l’Est de la RDC.
Pour dissiper ces ambiguïtés, des solutions concrètes sont nécessaires. La RDC devrait exiger l’élaboration d’un calendrier précis fixant les étapes et les délais pour le retrait des troupes rwandaises, et la neutralisation des FDLR. Parallèlement, la mise en place d’un mécanisme de supervision indépendant s’impose pour garantir la transparence des opérations. Enfin, une redéfinition claire des termes utilisés dans le Plan et l’inclusion d’un dispositif de suivi rigoureux, permettraient de réduire les malentendus et de renforcer la confiance mutuelle.
Malgré ces obstacles, la réunion a permis aux deux délégations de réitérer leur engagement envers le dialogue. Sous la supervision de l’Angola, des avancées ont été notées, mais elles restent insuffisantes pour convaincre une opinion publique congolaise sceptique, qui exige des actions tangibles.
Alors que le processus se poursuit, les attentes demeurent élevées. Dans un climat de tensions persistantes et face à une situation sécuritaire critique, la réussite du Plan harmonisé dépendra de la capacité des parties à transformer leurs intentions en engagements clairs et mesurables. Pour l’heure, la paix dans l’Est de la RDC reste un objectif incertain, mais toujours possible.
Par F.T.