La ville de Goma est bien reputée pour être une ville de résilience mais cette résilience est désormais vue comme un signe de faiblesse, permettant aux autorités urbaines et provinciales de prendre n’importe quelle décision pour étouffer davantage la situation.
Durant la journée, on se croirait dans un paradis sur terre. La ville est mouvementée et la circulation est intense : la route Goma-Sake est surpeuplée des véhicules et engins roulants d’une part et de l’autre, des piétons pour prouver une résilience sans pareil.
Derrière cette belle image se cache un mal bien voilé et étouffé. La situation sécuritaire de la ville est sujette à de multiples interrogations. Déjà, la ville appelée touristique, est asphyxiée, repliée sur elle-même. Point n’ait besoin de rappeler que les terroristes des Forces de défense du Rwanda se faisant passer pour le M23, occupent tous les axes routiers de dessertes agricoles, poussant la ville à vivre une hausse de prix de certaines denrées alimentaires sur le marché.
Sur ce point, aucune autorité ne s’est déjà prononcée pour alleger les douleurs internes, non encore exprimées par la population locale. Celles qui tentent d’en parler, c’est la même récitation : « Tout est mis en place pour protéger la ville de Goma et la cité de Sake » d’un côté et de l’autre, « l’armée travaille pour reconquérir les entités sous l’emprise de l’ennemi ».
Comment protéger la ville de Goma et la cité de Sake, qui dépendent complètement des entités actuellement sous contrôle des terroristes du M23/RDF ? C’était une parenthèse, fermons donc la parenthèse.
Derrière cette beauté et cette résilience, le mal est profond. Ce sourire et cet orgueil perd tout son sens à la tombée de la nuit. D’abord, les motos sont interdites de circulation après 18 heures. C’est à ce moment que tu comprends que la résilience est vue comme une naïveté. La population est contrainte de se replier sur le transport en commun pour être déposé quelque part à l’entrée de chez soi et pire encore, à mi-chemin par des taxi-bus qui choisissent de leur gré, où ils doivent s’arrêter.
Derrière cette décision, c’est pour lutter contre la situation sécuritaire. Les motos arrêtent de circuler à 18 heures mais le cauchemar persiste. Deux revendeurs se font lâchement abattre à Majengo pour le premier autour de 1 heure du matin et un second vers l’Université catholique la Sapientia à 19 heures, alors qu’il regagnait son domicile.
Il n’y a pas longtemps, le quartier Ndosho a aussi goûté à la sauce salée du noir que présente Goma. Le premier garçon a été abattu autour de 23 heures, alors qu’il était en train d’aider sa famille à éteindre le feu qui embrasait leur maison. Une autre femme a également été tuée tout près de l’école Mikeno islamique, à l’heure même de l’interdiction de circulation des motos. Consécutivement, deux bureaux de la Police nationale congolaise placés dans ce quartier, ont été réduits en cendres par des jeunes en colère.
Ceci n’est que partie remise. Le nombre d’incursions nocturnes n’est plus à décrire. Des visiteurs nocturnes improvisés et qui imposent la terreur et stresse aux habitants, font la pluie et le beau temps. Le cas échéant, le journalistes professionnel Faustin Dunia de Life up connait la faiblesse des mesures : ce professionnel de médias a été visité et tous sess biens de travail ont été emportés par des inconnus armés, qui opèrent encore librement malgré les décisions prises pour réduire le mal.
De la capitale de la résilience, la ville de Goma devient de jour au lendemain, invivable. Les mesures prises pour tenter de stopper l’hémorragie sécuritaire, ont prouvé leurs limites et les autorités devraient voir d’autres axes pour mieux sécuriser une population, qui subit déjà les effets de la guerre d’agression menée par le Rwanda, et qui vit avec la peur au ventre.
Guerschom Mohammed Vicci