Le M23 par le biais de son président, Bertrand Bisimwa a tenu une conférence de presse ce samedi 18 novembre à Bunagana. Bisimwa a évoqué plusieurs sujets, entre autres celui du retour des réfugiés congolais.
Pour plus d’un observateurs, ces propos mettent en lumière la faiblesse croissante du M23 face au gouvernement congolais, déterminé à en finir avec le groupe rebelle. En effet, pour Ronny Kambale, étudiant en science politique à l’Université de Kinshasa (UNIKIN), « Felix-Antoine Tshisekedi a dépouillé le M23 de tout argument et alibi pour justifier son aventure belliqueuse ».
Dans son adresse devant une presse tirée sur le tas, Bertrand Bisimwa a affirmé : « Nous avons tout fait pour trouver la solution à ce problème en RDC. Nous allons créer des conditions favorables et nous allons ramener tous les réfugiés congolais ici, nous allons nous mettre ensemble pour faire la lutte commune ». Cette déclaration démontre clairement le manque criant d’arguments du M23 pour justifier ses actions violentes.
Initialement, le groupe terroriste brandissait la protection de la minorité tutsi, soi-disant persécutée par des groupes d’autodéfense et des «patriotes » congolais communément appelés « Wazalendo ». Or, le conflit a déjà fait des milliers de victimes civiles, preuve que cette justification n’est qu’un faux-fuyant. Aujourd’hui, comme le démontre la réalité sur le terrain, le M23 ne peut même plus avancer ce prétexte grossier pour légitimer ses exactions.
En outre, de nombreux réfugiés en majorité des tutsis qui ont réussi grâce au UNHCR à être installés notamment aux États-Unis, au Canada ou en Australie, constitueraient une base de recrutement et de financement active pour le M23. Les camps de réfugiés en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie sont exploités à cette fin. Un retour massif des réfugiés congolais vers la RDC est pourtant très peu probable et relève de la pure fantaisie.
L’Ouganda bénéficie énormément de l’aide internationale destinée aux réfugiés congolais sur son territoire. Menacer de les rapatrier n’est donc pas une option viable pour Bisimwa. Le Rwanda use de la même stratégie consistant à accueillir des réfugiés pour obtenir des fonds internationaux.
Par ailleurs, résidant lui-même en Ouganda avec le statut de réfugié, Bisimwa n’a clairement aucun pouvoir réel pour organiser un retour coordonné des réfugiés. Ses déclarations tonitruantes ne sont que l’aveu de l’impasse stratégique dans laquelle se trouve le M23, en déliquescence.
Alors que le groupe armé est de plus en plus affaibli sur le terrain, le gouvernement congolais fait preuve de fermeté et tient ses positions : « pas de négociations ». La population civile, lassée de ce conflit aux motivations obscures, aspire à la fin des violences et aux dividendes de la paix.
Au final, le M23 apparaît décrédibilisé et à court d’options viables. Ces récentes déclarations démontrent qu’il est dos au mur, malgré les apparences de force qu’il tente de se donner. Une fin de ce conflit serait une bonne nouvelle pour la RDC et son peuple éprouvé.
La Rédaction