Il y a quelques années, le « Nzango moderne », cette discipline sportive appelée autrefois « Kangé », était oubliée ou considérée comme un non événement par le grand public sportif de la province du Nord-Kivu.
Ce sport fait maintenant parler de lui à travers des matchs amicaux, des tournois de fair-play tels que les championnats interscolaires, qui sont actuellement organisés particulièrement dans les deux sous-divisions de l’EPST de Butembo, et réunissent des écolières de nombreuses écoles primaires et secondaires.
C’est quoi réellement le « Nzango moderne » ?
Il s’agit d’un jeu qui oppose deux équipes de 11 adolescentes, rangées face à face et séparées par une distance de deux mètres approximativement. Pendant les rencontres, les joueuses sautillent, claquent les mains et chantent des comptines.
Les points (buts) sont marqués par une équipe en croisant ou décroissant les jambes, selon les dispositions fixées avant le début du jeu. Deux arbitres officient la rencontre.
Sans qu’elles soient soutenues par aucun support, les filles doivent réaliser un jeu de pieds accompagné de chants et de claquements de mains, en s’imposant face aux autres joueuses, selon une chorégraphie au rythme soutenu, et dans une portion de terrain limitée.
Création et évolution
Au début, le « Nzango » était un simple jeu traditionnel, permettant aux femmes de lutter contre l’obésité et le surpoids en pratiquant un exercice physique.
Avec le temps, on a révolutionné ce jeu, en faisant une discipline sportive agréée par les services publics. Inspiré par ce jeu traditionnel, un docteur de Congo-Brazzaville spécialisé dans le traitement des maladies chroniques chez les femmes, a depuis 2010, élaboré un règlement intérieur pour ce sport, le hissant ainsi au rang des disciplines sportives.
Désormais, les athlètes portent des maillots et sont munis de matériels de sport mais aussi et surtout, sont catégorisées selon l’âge.
Ceux-ci ont maintenant des présidents, entraîneurs et capitaines d’équipe qui initient des séances d’entraînements, avant de postuler à un championnat ou livrer un match amical.
Il y a quelques jours, en ville de Butembo, l’équipe de l’Institut Mgr Kataliko avait remporté le trophée du championnat interscolaire des écoles secondaires, pendant que le même tournoi se poursuit pour les écoles primaires.
Selon le secrétaire de l’Entente urbaine de « Nzango » moderne de Butembo, monsieur Vicky Apuzani, cette discipline a été élargie jusqu’au niveau scolaire dans le souci de préparer physiquement ces jeunes athlètes, qui inspirent un avenir prometteur.
« Nous sommes motivés par la santé de nos enfants mais aussi, nous les préparons pour qu’elles puissent continuer le « Nzango » après que nos mamans auront vieilli », a-t-il dit.
Celui-ci parle d’un jeu qui a été vite accepté et apprécié par les jeunes élèves et écoliers. C’est ce que confirme aussi Kavira Régine, écolière en 6ème primaire et capitaine de l’équipe de « Nzango » de l’EP Mulekya, une équipe victorieuse mardi 07 mai par 28 contre 27 face à l’EP Mavutwa lors de quarts de finale, jouées dans l’esplanade de l’EP Vutetse. Celle-ci exprime sa satisfaction.
« Vraiment, je suis très contente de jouer au Nzango moderne, sportivement, ça nous aide beaucoup », a laissé entendre cette jeune fille.
Ressources et finances
Le « Nzango moderne » malgré sa révolution, reste l’une des disciplines sportives qui ne disposent jusque-là pas d’infrastructures nécessaires, notamment des stades officiels dans presque tous les coins de la République.
En ville de Butembo, certaines compétitions ou matchs amicaux sont souvent soutenus par les politiques ou parfois les bonnes volontés, à l’occurrence de l’honorable Muhayirwa Kazungu Simon, président national de la Démocratie chrétienne fédéraliste-Nyamwisi DCF-N, qui a toujours pris en charge plusieurs organisations de « Nzango » moderne dans cette ville commerciale.
Ainsi, il est primordial que le gouvernement congolais accorde une attention un peu particulière à cette discipline sportive pour non seulement, encourager les athlètes mais aussi, améliorer leur condition de vie.
Richard Maliro