« Très chèrs compatriotes, trente ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, nous sommes aujourd’hui à la croisée de chemins et devant des choix nouveaux… Aussi, j’ai décidé de tenter de nouveau l’expérience du pluralisme politique dans notre pays. J’annonce solennellement au peuple zaïrois, l’ouverture du multipartisme à trois au Zaïre ».
Tels étaient les mots du maréchal Mobutu Sese Seko avec larmes, celles de crocodile ou larmes sincères ? On ne saura sûrement jamais devant des ministres, parlementaires, magistrats et généraux le 24 avril 1990, pour ouvrir les vannes d’un long processus de démocratisation du Zaïre devenu 7 ans plus tard, la République Démocratique du Congo.
Le président décrète la fin du multipartisme observé quelques années seulement après sa prise du pouvoir en 1965, et qui aura duré au moins 25 ans.
Le discours lance en même temps, durant deux ans, de 1990 à 1992, la Conférence nationale souveraine qui avait réuni les représentants de toutes les couches de la population, pour trouver des solutions aux problèmes de développement auxquels le pays était confronté.
34 ans après cette ouverture du pays au multipartisme, l’on a observé des ratées et des avancées. Des ratées marquées notamment par des transitions et des guerres dont :
1. La transition de 7 ans sous Mobutu qui a pris fin le 17 mai 1997, jour où Laurent Désiré Kabila, maquisard des années 60 met fin aux 32 ans de règne sans partage de Mobutu, en prenant le pouvoir ;
2. La transition de 3 ans sous Laurent Désiré Kabila de 1997 à 2001, l’année où il meurt assassiné par un inconnu et dont la justice n’arrive toujours pas à dénicher ;
3. La transition de 2001 à 2006 sous Joseph Kabila Kabange, successeur de son père Laurent Désiré Kabila comme dans un royaume et qui n’est pas arrivé à trouver l’assassin de son « père » ;
4. La transition de 2016 à 2018 avant la passation pacifique du pouvoir. La première dans l’histoire du pays. Durant ce moment, Kabila reste au pouvoir malgré l’avis des opposants. Néanmoins, il s’est tiré d’affaires lors du dialogue de la Saint-Sylvestre.
5. Les guerres avec les RCD lancées le 02 août 1998, la guerre des Kamwinasanpu et les rébellions de CNDP et ses ramifications en version de M23 et dont la deuxième, est maintenant une agression rwandaise.
On retient des avancées : le pays a connu quatre élections pluralistes et compétitives de 2006, 2011, 2018 et 2023.
Le processus démocratique tel qu’initié par la Conférence nationale souveraine après le multipartisme, est-elle capitalisé 34 ans après ? s’interrogent plusieurs sujets avec le nombre en cascade des partis politiques, que connait à ce jour le pays et leur utilité.
Marcus Akenda