Un séisme politique secoue l’Assemblée provinciale du Sud-Ubangi. Dix-neuf de ses membres, représentant plus de deux tiers de l’organe délibérant, sont désormais dans le collimateur de la justice congolaise.
Dans une correspondance datée du 25 avril, le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba a ordonné au Procureur général près la Cour d’appel du Sud-Ubangi d’engager des poursuites contre ces élus, parmi lesquels figure le vice-président de l’Assemblée.
Les accusations qui pèsent sur ces parlementaires, sont d’une gravité sans précédent. Ils sont accusés de rébellion, d’atteinte aux droits des particuliers, de troubles à l’ordre public, de corruption et même de menaces à l’encontre des accusés.
La demande de poursuites s’accompagne d’une liste nominative des députés concernés, signalant ainsi une escalade inquiétante des tensions au sein d’une institution déjà fragilisée.
La réponse judiciaire ne s’est pas fait attendre. Dans une décision adressée au commandant de la Régie des voies aériennes (RVA) de Gemena, l’Avocat général Mouzon Mathe Vindu-Si-Vyolo, représentant le Procureur général, a ordonné l’interdiction formelle pour les députés visés, de quitter la province en direction de Kinshasa. « Cette interdiction demeure en vigueur jusqu’à la conclusion des poursuites », précise la lettre, dont les extraits rendus publics laissent entrevoir un dossier explosif.
Ce verrou judiciaire, appliqué avec rigueur par les autorités aéroportuaires, plonge la province dans une incertitude politique profonde. L’Assemblée provinciale, dont le bon fonctionnement dépendait d’un quorum, désormais compromis, risque de connaître une paralysie totale. Pendant ce temps, les élus incriminés n’ont d’autre choix que de rester à Gemena, et se tenir à la disposition des instances judiciaires.
Dans un contexte national déjà marqué par une volonté affirmée de lutter contre l’impunité, cette affaire pourrait devenir emblématique. Il reste à déterminer si cette action représente une simple application du droit, ou si elle cache des enjeux politiques plus complexes.
L’opinion publique retient son souffle face à ce qui pourrait se transformer en un scandale judiciaire ou un règlement de comptes orchestré. Le Sud-Ubangi entre dans une période tumultueuse, dont l’issue reste incertaine pour tous les acteurs impliqués.
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Chadrack Byaruhanga