La chambre haute du Parlement de la République démocratique du Congo est depuis quelques jours, sur toutes les langues. Dans cette institution, des soupçons de scandale financier pèsent sur le Bureau provisoire sortant, qui refute les accusations. Néanmoins, le Ministre d’état en charge de la justice veut quant à lui, voir clair et établir les responsabilités.
Tout débute le 1er juillet dernier. Ce jour-là, le Président intérimaire du bureau du Sénat et alors Sénateur honoraire, M. Sanguma Tomongonde Mossai saisissait l’Inspecteur général des Finances, pour savoir sur la destination de 8.092.000.000 francs congolais, soit 3 millions de dollars américains disparue dans la nature.
Derrière cette disparition, il ne voyait qu’un seul coupable : le Bureau provisoire sortant de la chambre haute. Ce dont il fait allusion dans ce détournement, c’est le Fonds spécial d’intervention. « Malgré ce qui a été consigné dans le Procès-verbal de remise et reprise du 17 mai 2024, entre le bureau du Sénat sortant et le bureau provisoire de la quatrième législature, ce dernier s’est emparé et a utilisé à sa guise et à notre insu, à des fins inavouées, la dotation de Fonds spécial d’intervention (FSI) », des montants réservés aux membres du Bureau du Sénat et cela, pour les mois de mars et d’avril de cette année.
Et comme si ces fonds ne suffisaient pas, M. Sanguma Tomongonde indique que même les émoluments du mois de mai des sénateurs et membres du bureau sortants, ont été détournés.
Le bureau provisoire du Sénat refute toutes ces accusations
Pascal Kinduelo, à le tête du Bureau provisoire pointé du doigt dans cette malversation financière rejette en bloc cette accusation. Pour lui, ces propos constituent « une campagne élaborée par des officines obscures » avec la seule intention de « ternir l’image du Sénat ».
Tout en affirmant que ces propos ne concernent que son auteur, il retourne la balle dans le camp adverse, en signifiant avoir plutôt hérité d’une dette de trois millions de dollars américains, et qu’aucun centime n’avait été retrouvé dans la caisse de la chambre haute du Parlement congolais.
Dans un communiqué daté du 05 juillet, le Bureau provisoire du Sénat a mis en place une Commission d’information Ad hoc, dont la charge consistera à « tirer au clair » les propos de M. Sanguma Tomongonde, qualifiés de « tendant à entacher l’honneur et la crédibilité de la Chambre haute du Parlement ».
Le ministre de justice entre dans la danse
Étant saisi de soupçon de scandale financier, le Ministre d’État en charge de la justice et garde des sceaux, Constant Mutamba a instruit l’Inspecteur général de la Police judiciaire des parquets, pour éclairer la population et établir les responsabilités.
Dans son communiqué de samedi 06 juillet, Constant Mutamba demande à l’Inspecteur, de « diligenter en urgence une enquête judiciaire » et cela avec l’appui de l’Inspection générale des Finances, afin « d’éclairer la lanterne de la population et d’établir, le cas échéant, les responsabilités des uns et des autres », peut-on lire dans ce document.
L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) qui dénonçait le silence de la justice, voudrait également voir non seulement la Cour des comptes enquêter « serieusement » sur ces accusations contre le Bureau provisoire du Sénat et le Bureau définitif qui était dirigé par Modeste Bahati Lukwebo et prendre des mesures conservatoires mais aussi et surtout, que la Cellule nationale des renseignements financiers (CENAREF) puisse enquêter sur des « faits de blanchiment d’argent commis au Sénat ».
Et pour éviter toute surprise, l’ACAJ recommande à la justice d’interdir la sortie du territoire national de toutes les personnes impliquées d’une manière ou d’une autre dans ces soupçons de détournement de deniers publics et le gel des comptes de tous les concernés et cités dans la commission desdits faits.
Guerschom Mohammed Vicci