Le tissu socio-économique du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la RDC, est menacé par les répercussions négatives des affrontements qui se déroulement dans plusieurs villages et localités de ce territoire entre les rebelles du mouvement du 23 mars, M23 et les Forces armées de la République Démocratique du Congo, FARDC.
Depuis le 13 juin dernier, le gouverneur militaire du Nord-Kivu a interdit toute importation et exportation des marchandises au poste frontalier de Bunagana, dans le groupement Jomba. Cette douane, qui joue un rôle stratégique dans les trafics commerciaux entre la RDC et l’Ouganda est contrôlée par les rebelles du M23 depuis près de trois semaines maintenant.
Selon la coordination de la nouvelle société civile congolaise (NSCC) du territoire de Rutshuru, la suspension des transactions commerciales à cette douane, impacte négativement sur l’économie locale. Elle parle de nombreux produits vivriers qui connaissent une baisse sensible sur le marché.
« Tous ces commerçants là qui fréquentaient l’axe Bunagana-Goma-Kiwanja, aujourd’hui sont dans une situation de pénurie en approvisionnement en produits de première nécessité. Le riz, le sucré, la pomme de terre ne sont pas sur le marché comme la banane, le bétail parce que Tshengerero c’est un marché qui nous approvisionnait beaucoup en bétail. Toutes les populations qui fréquentaient cet axe sont dans une situation de pénurie, une situation financière médiocre » déplore Jackson Mbula, assistant à la coordination de la NSCC Rutshuru.
A part la douane de Bunagana, plusieurs opérations d’importation et d’exportation des marchandises et autres produits commerciaux s’effectuent à Ishasha, un autre poste frontalier qui relie la RDC à l’Ouganda voisin.
Cependant, la nouvelle société civile congolaise de Rutshuru démontre que ce couloir est maintenant moins fréquenté par les opérateurs économiques suite à l’impraticabilité de l’axe routier Ishasha-Kiwanja et de son contexte sécuritaire très instable.
« Il y a pas mal des facteurs qui affluences que les opérateurs économiques préfèrent moins la route Ishasha qui n’est pas praticable. Mais aussi il y a un autre facteur, le facteur de l’insécurité. Le dynamisme des groupes armés sur l’axe a contribué à sa non préférence par les opérateurs économiques » a-t-il précisé.
Cette structure citoyenne redoute d’énormes conséquences sur la vie économique locale si les affrontements entre les deux forces persistaient encore dans cette partie du Nord-Kivu. Raison pour elle d’urger le gouvernement central à agir, à travers l’armée de façon proportionnelle à la menace afin que le pire soit évité et que la population revienne dans ses localités, actuellement théâtres des accrochages.
Lundi 20 juin dernier, les chefs des Etats membres de la communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) réunis pour leur troisième conclave à Nairobi au Kenya avaient ordonné la cessation des hostilités à l’Est de la RDC, notamment entre le M23 et les Forces armées congolaises. Mais depuis lors, les combats se poursuivent dans le Jomba, Gisigari et Bweza, des groupements du territoire de Rutshuru.
Des morts sont signalés de part et d’autre y compris dans le camp des habitants. Des populations civiles sont vouées au déplacement forcé, abandonnant ainsi leurs villages et localités. Entre-temps, l’armée continue ses assauts contre les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, selon le gouvernement congolais.
Dans sa déclaration au conseil de sécurité de l’ONU ce mercredi 29 juin, la cheffe de la MONUSCO en RDC est revenue sur cette situation de guerre, préoccupante à l’Est du pays. Bintou Keita a affirmé qu’au moins 23 civils, dont six (6) enfants ont été tués par les rebelles du M23.
Didy