L’Est de la République démocratique du Congo est sujet à des conflits armés depuis plus de trois décennies et depuis novembre 2021, c’est la résurgence de la rébellion du M23-AFC qui fait rage. Dans son communiqué, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se dit « préoccupé par la dégradation générale » du système de santé dans les provinces du Kivu (Nord et Sud), touchées par les rebelles.
Ces conflits sont à la base des difficultés économiques que connait la région depuis de nombreux mois et à cela, le financement apporté aux organisations humanitaires intervenant dans différents domaines a subi une baisse « drastique », exposant ainsi de milliers de vie.
Dans une étude menée entre avril et mai sur 109 centres de santé se trouvant dans ses zones d’interventions dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, CICR rapporte que les données recueillies sur la prise en charge sanitaire de la mère et de l’enfant, celle des malades et blessés ou encore des victimes de violences sexuelles et même pour les risques épidémiologiques en général, dénotent un risque sérieux d’effondrement d’une partie du système sanitaire, notamment dans les zones les plus exposées, avec des conséquences fâcheuses pour des millions de personnes.
« Aujourd’hui, avec un accès à des soins et à des médicaments fortement restreint, les risques pour une personne vivant au Nord ou Sud-Kivu de succomber des suites d’une blessure par arme ou suite à une simple diarrhée n’ont jamais été aussi élevés », affirme François Moreillon, chef de délégation du CICR en RDC, relayé dans le communiqué.
Le déplacement des malades ou le transfert des blessés a été sensiblement réduit en raison de l’insécurité alimentée par la violence et des combats récurrents. D’autres conséquences ont trait aux difficultés rencontrées dans l’acheminement des « intrants médicaux », le pillage ou la destruction de structures sanitaires et dans le pire de cas, le personnel soignant est contraint de fuir.
Des différences drastiques ont été observées entre le 1er et deuxième trimestre dans les structures sanitaires au niveau de consultations chez les enfants de moins de 5 ans, comparativement à l’année 2024. Par exemple, le nombre d’enfants vaccinés est passé de 67 000 au premier trimestre 2023 à seulement 29 000 durant la même période en 2025.
D’autres incidents majeurs observés, c’est le nombre de mort-nés qui a quadruplé dans les structures sanitaires, particulièrement dans la province du Nord-Kivu. « Ceci démontre combien les mères n’arrivent pas à accéder aux centres de santé que ce soit pour les consultations ante ou post natales », déplore Etienne Penlap, coordinateur santé pour le CICR en RDC. « Cette situation fait craindre le pire aussi en matière de couverture vaccinale pour les nouveaux-nés, ainsi que les mères et les enfants dans une région où il y a beaucoup de maladies endémiques et épidémiques ».
Le besoin en soin de santé connait une augmentation exponentielle. « Au premier trimestre 2025, 2 351 blessés par arme ont été traités dans les hôpitaux soutenus par le CICR, ce qui équivaut presque au nombre total des cas reçus sur l’ensemble de l’année 2024, soit une augmentation de 172 % par rapport à la même période en 2024 », renchérit le communiqué.
De nombreuses structures de sanitaire ayant été pillées lors des affrontements connaissent d’énormes difficultés dans la prise en charge des patients. « Il y a eu des pillages au niveau de notre centre de santé. Les médicaments et tous les biens matériels ont été emportés. Aujourd’hui, nous peinons à traiter des pathologies courantes comme le paludisme, les infections respiratoires et les diarrhées dont la prise en charge est rendue difficile par le manque de médicaments », a témoigné Safari, infirmier dans un centre de santé du territoire de Kalehe au Sud-Kivu.
Le Comité international de la Croix-Rouge précise que l’intensification des combats dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, et des changements apportés dans les territoires sous contrôle de différents belligérants, ont eu des incidences graves sur le circuit d’acheminement des médicaments et d’approvisionnement des structures de santé.
À ceci, la fermeture de l’aéroport international de Goma et national de Kavumu a accentué les défis dans le processus de transfert des médicaments de Kinshasa vers ces deux provinces, avec des coûts supplementaires, en raison des détours via d’autres pays, regrette l’organisation.
Guerschom Mohammed Vicci