L’augmentation des cas de viols dans les camps de déplacés préoccupe au plus haut point l’Asbl Projustica. Au cours d’un point de presse animé samedi 24 février, cette organisation plaint le silence autour de la souffrance des jeunes filles, femmes et mamans violées et qui abritent des camps des déplacés dans et autour de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Pour maître Justin Mushoko de Projusticia Asbl, ce silence risque d’affecter plusieurs personnes, raison avancée derrière la mise en place du projet “Haki na mwanamke”, afin d’alléger la douleur de ces femmes et jeunes filles, qui souffrent sous un silence absolu.
Ce projet se focalise dans les camps des déplacés, particulièrement de Bulengo et de Bushagara dans le territoire de Nyiragongo. Selon Maître Justin Mushoko, cinq à dix femmes sont quotidiennement violées dans des camps des déplacés.
Avec ce projet, des séances psychologiques seront organisées en faveur de ces femmes victimes de viol. “Nous allons organiser des séances psychologiques et des rencontres. Nous voulons construire les centres psychologiques dans différents camps”, a-t-il laissé entendre.
Le docteur Zachée Nzuva Zikamata, coordonnateur du projet « Haki na mwanamuke » indique que plusieurs conséquences du viol sont répertoriées dans ces camps, notamment des grossesses involontaires, des problèmes physiques, des traumatismes et psychologiques.
“Nous avons trouvé que certaines femmes sont violées par cinq ou dix personnes et elle fait un prolapsus, parce qu’après qu’on l’a violée, les bourreaux font entrer certains objets dans le canal vaginal, jusqu’à tirer soit l’utérus ou soit le vagin”, renseigne le coordonnateur de ce projet.
Certaines femmes victimes de viol témoignent le calvaire qu’elles vivent depuis qu’elles avaient subi ce viol à plus d’une fois. “En ma fuite de Burungu, je me suis rencontrée avec les bandits armés sur le chemin. Nous étions au nombre de 3. Moi, ma belle fille et notre voisine. Les bourreaux étaient au nombre de 8, la voisine avait réussi à s’échapper. Moi et ma belle fille, nous étions violées”, raconte cette femme pleine de larmes aux yeux, qui s’est vue séparer de son mari, qui ne pouvait pas supporter de rester avec elle. “Mon mari s’est séparé de moi, disant qu’il ne peut pas vivre avec une femme violée, même sort pour ma belle fille”.
Ces femmes vivent un calvaire au camp jusqu’à présent. Elles demandent au gouvernement le rétablissement de la paix dans leurs zones, afin de ne pas subir ces actes en répétition.
Signalons ici que l’Asbl Projusticia dans son projet “Haki na Mwanamuke” promet accompagner ces victimes de viol, tout en mettant le gouvernement devant ses responsabilités de protéger ces femmes et filles.
Maranatha Balikwisha