Les trois décennies de guerre de l’Est de la République démocratique du Congo ont eu un impact considérable dans l’exercice de métier de journaliste. Au-delà des exactions et des massacres dont sont victimes les populations notamment des provinces du Nord et Sud-Kivu et de l’Ituri, une pression sans pareil est également exercée sur les chevaliers de la plume.
Lors d’une conférence de presse ce samedi 30 novembre à Goma au Nord-Kivu, l’Association des femmes des médias (AFEM) a présenté un tableau sombre des cas d’atteinte à la liberté de la presse et violation des droits des journalistes, documenté par une cellule de monitoring mise en place par cette organisation.
D’abord, les journalistes professionnels du Nord et Sud-Kivu exercent dans une zone reputée “non droit”, en raison des conflits armés qui ont des conséquences néfastes sur les civils.
Malheureusement, dans ce contexte, “les journalistes sont harcelés, battus et arrêtés” et le pire, regrette AFEM, sans aucune forme de jugement pour le seul crime “d’avoir exercé leur profession ou à cause de leur qualité de journaliste”. Comme si ces exactions ne suffisaient pas, “des journalistes subissent des menaces et sont agressés en plein exercice de leur métier”, se lamente cette association.
La résurgence de la guerre dans le Nord-Kivu vient exacerber une situation, qui était déjà chaotique. Les journalistes se retrouvent de plus en plus cibles des belligérents, ce qui complique l’accès à certaines sources d’informations, accentué par des contraintes de censure pour éviter des menaces, qui “les contraignent à abandonner leur travail ou leur famille et à vivre dans la clandestinité”. La même situation touche malheureusement même les défenseurs de droits humains.
Regard sur la situation
En 2021, l’Association des femmes des médias renseigne avoir répertorié une trentaine de cas de journalistes agressés en plein exercice de leur métier dans le Sud-Kivu. L’organisation Journalistes en danger (JED) a notifié quant à elle durant le premier quinquennat de Félix-Antoine Tshisekedi, près de 230 cas d’atteinte à la liberté de la presse sur l’ensemble du territoire national.
Entre janvier et novembre 2024, la cellule de monitoring de l’axe Goma a documenté 18 cas d’atteinte à la liberté de la presse et violation des droits des journalistes, seulement dans la ville de Goma. Parmi les victimes, cinq femmes et 13 hommes dont un décès (Edmond Bahati de la Radio Maria, Ndlr), déplore AFEM.
L’Association des femmes des médias (AFEM) invite les autorités à différents échélons, tenant compte de l’augmentation en cascade de cas d’atteinte à la liberté de la presse et la situation sécuritaire “alarmante” des journalistes dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, à surveiller de près la mise en application des lois qui régissent le travail des journalistes en République démocratique du Congo, et d’instaurer une politique qui permettra d’assurer la sécurité des chevaliers de la plume.
Guerschom Mohammed Vicci