Dans la guerre de trois décennies qui secoue la partie orientale de la République démocratique du Congo, des femmes et des enfants vivent malheureusement dans des conditions humanitaires précaires dans des camps et sites des déplacés, où ils ont été contraints de prendre refuge pour leur survie.
Ghislain Atiaboli, ambassadeur des droits de l’enfant dans un entretien avec AGORAGRANDSLACS.NET, décrie le calvaire des enfants dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, pourtant deux provinces sous état de siège depuis 2021.
« Dans le champ de la guerre, les plus victimes, ce sont les femmes et les enfants », sur les 40 pourcents de populations de deux provinces. Ce qui exacerbe la situation, c’est le manque d’encadrement auquel les enfants sont confrontés. « Dans les sites des déplacés, il n’y a pas suffisamment d’encadrements », se focalise l’ambassadeur des droits des enfants.
Cette situation n’est pourtant pas sans conséquence : des enfants se réfugient dans les rues des villes dont celle de Bunia en Ituri et de Goma au Nord-Kivu. « Les enfants sont obligés aujourd’hui de quitter ces sites de déplacés. Ils se retrouvent dans les rues de la ville en train de mendier auprès des passagers ». Au lieu d’assumer l’avenir qu’ils devraient incarner, ces enfants s’attriste Ghislain Atiaboli, deviennent « un danger pour la communauté ».
Parlant de l’Ituri, la résurgence de l’insécurité date de presque sept ans, c’est-à-dire près de 7 ans que de nombreux enfants ont la rue comme nouveaux abris. Les craintes surgissent alors dans le coeur de l’ambassadeur des enfants : « On a peur parce que ça risquerait de devenir comme Kinshasa, où ils vont maintenant commencer à agresser physiquement la population », en regard sur le phénoméne « Kuluna » dans la capitale de la République démocratique du Congo.
Ces lamentations de Ghislain Atiaboli ne viennent pas de nulle part : la réalité du terrain est aussi triste que palpable. « Aujourd’hui à Bunia, ils sont en train de prendre des boissons fortement alcoolisées, ce qui les pousse à faire des choses qui partent parfois à l’encontre de la loi », en raison de la présence prolongée dans les rues et sans encadrement. Et chez les filles, « Beaucoup de jeunes filles se livrent à la prostitution, il y a des cas de grossesses précoces qu’on a eu à dénombrer, surtout dans les sites de déplacés et il y a aussi l’avortement », dû au manque de moyens.
L’exploitation économique des enfants s’installe en plein pieds dans une ville où pour survivre, « les enfants sont obligés de quémander dans des rues, soit utilisés dans des restaurants », contrairement aux prescrits sur leurs droits et à cela, l’âge scolaire perdu pour de nombreux enfants.
À Goma, la situation des enfants prend de l’envol, et a une marche de manoeuvre. « Ceux de Goma commencent à devenir vraiment violents. Ils se promenent maintenant en équipe, et commencent à devenir un danger pour cette ville », dont le passé calme offrant l’opportunité de trouver le pain quotidien, s’est transformé en cauchemar de suite de la présence éparpillée des enfants sans aucun encadrement.
Le voeu de la paix….
« Il est très urgent que nous puissions nous impliquer pour qu’il y ait le retour effectif de la paix », lance l’ambassadeur des enfants, Ghislain Atiaboli dans un ton de détresse et tristesse après un regard sur le calvaire des personnes déplacées. « Les enfants du Nord-Kivu et de l’Ituri n’ont pas besoin de millions, de tout ce que nous sommes en train de voir à Kinshasa pour construire leur avenir. Tout ce qu’ils veulent, c’est juste la paix et rien que la paix ».
Il interpelle l’État congolais à mettre les mains dans la patte pour taire ces décennies de désespoir. « On ne doit pas chaque fois continuer à négocier avec les groupes armés qui ne respectent pas leur engagement », tout en privilégiant les processus qu’au dialogue, en vue de faire pression aux groupes armés.
Aux côtés, Ghislain Atiaboli suggère à la communauté internationale d’imposer des sanctions contre le Rwanda, parce que « tout prouve noir sur blanc aujourd’hui que le Rwanda est en train d’agresser la RDC : il y a des troupes rwandaises qui sont au Congo » et tout ça, couronné par les propos du Président Paul Kagame, qui a expliqué les raisons de cette présence.
« Il est temps de passer de discours à l’acte », insiste Ghislain Atiaboli, face à de nombreux enfants qui voient leur avenir être sacrifié avec ces guerres en répétition dans la partie orientale de la République démocratique du Congo.
Guerschom Mohammed Vicci