À Rutshuru, dans l’Est de la République démocratique du Congo, la journée du 06 mai aurait dû marquer un moment clé pour de centaines d’élèves finalistes, prêts à passer leurs examens d’État. Cependant, les épreuves décisives pour leur avenir ont été retardées jusqu’en fin d’après-midi, en raison des tensions persistantes avec le groupe armé M23/RDF.
Prévus dans la matinée, conformément au calendrier national, les examens ont finalement débuté vers 17 heures seulement. Un contretemps causé par des négociations de dernière minute entre le gouvernement congolais, les partenaires humanitaires et les terroristes du M23/RDF, afin de permettre l’acheminement des sujets d’examen depuis Goma, ville voisine.
Les épreuves, cruciales pour l’obtention du diplôme de fin d’études secondaires dans le système éducatif congolais, ont ainsi été retardées de plusieurs heures. Une attente interminable pour les candidats, déjà éprouvés par les conséquences dévastatrices du conflit armé sur leur scolarité.
« J’avais perdu tout espoir de pouvoir passer ces examens cette année », confie Pascal, l’un des finalistes. Comme de nombreux autres, il était rentré chez lui en milieu de matinée, persuadé que les épreuves seraient une nouvelle fois reportées sine die.
C’est finalement par le biais de quelques appels téléphoniques que les rares candidats joignables ont été priés de rejoindre leur centre d’examen à la hâte. Mais le sort des autres élèves, sans moyen de communication, reste incertain à ce jour.
« Comment être certain que personne n’a été lésé ? Que les conditions étaient réunies pour que tous puissent composer équitablement ? », s’interroge un enseignant, sous le couvert de l’anonymat. Des doutes légitimes qui ternissent la crédibilité de ce marathon scolaire déjà bien entamé.
Cette situation est un nouveau rappel cinglant de l’impact dévastateur du conflit avec le M23/RDF sur le système éducatif local. Depuis la reprise des affrontements armés en 2022, de nombreuses écoles ont été contraintes de fermer leurs portes, privant de milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation.
Au-delà des risques sécuritaires permanents, c’est toute la continuité de l’enseignement et des programmes qui se trouvent régulièrement mise à mal par ces violences récurrentes. Un véritable gâchis humain et sociétal dont les répercussions se feront sentir des années durant, dans cette région meurtrie.
Si des efforts louables ont été fournis pour tenter de préserver ce rendez-vous capital pour les finalistes de secondaire, le chaos organisationnel engendré par le conflit remet une fois de plus en lumière l’urgence de trouver une issue politique durable. Seule une paix retrouvée permettra de garantir aux nouvelles générations, un avenir digne et prometteur, loin des affres de la guerre.
Ngabiwele Monzu T.