La guerre qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo finira par la diplomatie, après l’échec des armes sur le terrain. L’Angola, où se déroule le processus de médiation décidée par l’Union africaine a pris l’initiative de baliser le chemin pour aboutir au dialogue.
Longtemps réclamées par les rebelles du M23, les négociations pourront débuter durant les prochains jours entre les délégations du Gouvernement congolais et de la coalition AFC-M23, qui occupe une majeure partie dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, et particulièrement les deux capitales provinciales : Goma et Bukavu.
La Présidence angolaise est revenue à la charge, après un silence au lendemain du sommet tripartite avorté du 15 décembre 2024, en raison de l’absence du Président rwandais Paul Kagame à Luanda, suite au manque de consensus à la veille sur la question du M23.
Dans une publication, l’Angola annonce qu’il « établira des contacts avec le M23, afin que des délégations de la RDC et du M23 mènent des négociations directes qui auront lieu à Luanda dans les prochains jours, en vue de négocier une paix définitive dans ce pays frère ».
Cette annonce est survenue après le passage de Félix Tshisekedi mardi 11 mars à Luanda en Angola, où il a été reçu par son homologue angolais João Lourenço.
Bien que rien n’ait filtré de cette rencontre, les deux hommes ont eu à passer en revue la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, où les affrontements se poursuivent entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Kinshasa affirme « prendre acte »
Réagissant à cette sortie de la Présidence angolaise, Kinshasa a indiqué au travers la porte-parole du Président Félix-Antoine Tshisekedi, prendre acte de cette démarche. « Nous prenons acte et attendons voir la mise en oeuvre de cette démarche de la médiation angolaise », a écrit Tina Salama sur son compte X, quelques heures après cette annonce.
Néanmoins, la porte-parole du chef de l’État Congolais rappelle que le processus de paix de Nairobi demeure un cadre pré-établi pour des discussions avec les groupes armés dont le M23, et réaffirme l’attachement de Kinshasa à la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée le 21 février dernier.
Les regards seront de nouveau fixés sur Luanda (Angola). Depuis le début des processus de médiation, Kinshasa a toujours été catégorique sur l’idée de négocier « directement » avec le M23, qu’il a plusieurs qualifié de « pantain » du Rwanda, insistant plutôt sur des discussions directes avec Kigali sur la question.
Si les choses se concrétisent, le Gouvernement Congolais aura franchi ce qu’il a plusieurs fois qualifié de « ligne rouge » dans la guerre qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo, avec le Rwanda en ligne de mire comme pays agresseur, fournisseur des troupes et des matériels à la rébellion du M23-AFC.
Guerschom Mohammed Vicci