Ce mercredi 30 août 2023, le président gabonais Ali Bongo a été renversé par un coup d’État militaire orchestré par une junte militaire, appelant à une plus grande unité panafricaine. Cette action inattendue survient à un moment où le sentiment panafricaniste gagne en force en Afrique, porté par une jeunesse aspirant à l’unité du continent pour faire face aux défis qui se posent. Les putschistes ont justifié leur geste en pointant la mauvaise gouvernance et la corruption qui auraient marqué le règne du président Bongo, en place depuis plus de 50 ans.
L’événement au Gabon est interprété par certains observateurs comme un signe que le panafricanisme commence à s’imposer, faisant face aux élites politiques en place depuis les périodes d’indépendance. Néanmoins, la situation reste précaire et incertaine. Pour assurer sa légitimité, la junte devra mettre en place rapidement une transition inclusive, afin d’éviter un retour à l’instabilité. L’objectif d’une plus grande intégration régionale en Afrique demeure un chemin long et complexe.
Ce coup d’État contre Ali Bongo a également des répercussions majeures sur la relation entre la France et l’Afrique. Cette intervention militaire inattendue semble sonner le glas de la “Françafrique”, une politique néocoloniale que la France a maintenue depuis les indépendances. Sous la présidence Macron, la France continuait à entretenir des liens avec ses anciennes colonies, mais cette ère touche désormais à sa fin de manière irréversible. Le vent du panafricanisme remet en question la politique africaine de la France et met en évidence son échec.
La jeunesse africaine exprime de plus en plus son désir de rompre avec la relation paternaliste et corrompue, entretenue avec l’ancienne puissance coloniale. Le coup d’État au Gabon est perçu comme un avertissement pour la France, soulignant que ses ingérences et son soutien aux régimes autoritaires, suscitent le mécontentement populaire.
Certains spéculent déjà sur une possible contagion du mouvement panafricaniste en République démocratique du Congo (RDC), avec des hypothèses de destitution du président Félix Tshisekedi. Cependant, cela ne prend pas en compte la situation spécifique de ce pays. Tshisekedi est le symbole d’une rupture avec un passé sombre et cycle dans la région. Il incarne un renouveau pour la RDC après des décennies de gouvernance sous le régime Kabila. Tshisekedi au-delà de toutes les turbulences que connait ce pays notamment l’insécurité à l’Est, est perçu comme un rempart contre le chaos dans ce pays longtemps fragilisé.
La France se trouve à un carrefour crucial. Elle doit revoir sa politique en Afrique en adoptant une approche respectueuse de la souveraineté des pays du continent. Si elle ne le fait pas, elle risque d’être exclue définitivement de l’influence qu’elle pensait avoir sur ses anciennes colonies. Après le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le coup d’État au Gabon se présente comme un tournant symbolique important, marquant le début d’une nouvelle ère pour le panafricanisme en Afrique et pour les relations franco-africaines.
On assiste ainsi à un changement de paradigme de la gouvernance du monde.
Nazali M. Tatu