Le Roi du Zaïre repose au royaume du Maroc. En réalité, son esprit survole le Ciel congolais, que tout donne l’impression que rien n’avance. Vital Kamerhe, c’est un nom à retenir sur la scène politique de la République démocratique du Congo.
Depuis les premières élections du 30 juin 2006, qui avaient conduit Joseph Kabila à la tête du pays comme tout premier président de la République élu démocratiquement, après un second tour du 28 octobre 2006, qui l’opposait à Jean-Pierre Bemba, ministre sortant de la Défense nationale et anciens combattants, le nom du nouveau président de l’Assemblée nationale rode toujours autour du pouvoir.
Après ces premières élections, Vital Kamerhe, proche allié de l’ancien président, a été plebiscité président de l’Assemblée nationale, poste qu’il occupera jusqu’à 20019, avant de déposer sa démission et réjoindre l’opposition, avec l’avènement de son parti politique Union pour la nation congolaise (UNC). Disparu après les élections de 2011, il revient petit à petit sur la scène, jusqu’à conclure une alliance avec l’actuel chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi après avoir quitté l’accord de l’opposition de Génève (Suisse), qui avait choisi Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition (Lamuka, Ndlr). Ces deux créent Camp pour le changement, qui le conduira jusqu’à la victoire finale aux élections du 23 décembre 2018.
Au lendemain, il est nommé directeur de cabinet de Félix-Antoine Tshisekedi, poste qu’il assumera jusqu’à son départ en prison. Il a été accusé, condamné puis innoncenté dans le dossier 100 jours du chef de l’État, dans un dossier de 58 millions de dollars américains détournés, dont personne à part le juge Raphaël Yanyi, n’est resté en prison (le juge Raphael Yanyi, d’heureuse mémoire avait laissé sa peau dans des circonstances encore floues). De la prison, à l’exemple de Joseph dans la Sainte Bible, Vital Kamerhe se voit nommé ministre de l’économie nationale (plus de promesses que de réalisations), dans un remaniement du gouvernement Sama Lukonde.
Comme dans l’habitude, il est élu député national dans sa province du Sud-Kivu durant les élections générales prolongées du 20 décembre 2023. De retour à l’Assemblée nationale, il postule en tant que candidat président de l’Union sacrée de la nation aux côtés de Mboso Nkodia et Bahati Lukwebo. Une primaire s’organise dans la foulée et il prend le dessus sur ses adversaires, en devenant ainsi candidat unique de la majorité présidentielle.
En effet, lors des élections organisées par la chambre basse du Parlement congolais mercredi 22 mai, Vital Kamerhe, candidat unique glane 371 sur les 407 votants, scellant ainsi son come-back au perchoir, 15 ans après l’avoir quitté et surtout, au lendemain d’une tentative d’assassinat, qui l’a visé au départ avant de se déguiser à une tentative de coup d’État, « étouffée dans l’oeuf », selon les dires de l’armée.
C’est fait, le pouvoir tourne autour de mêmes personnes sans aucun changement. Mboso Nkodia a travaillé sous l’ère Mobutu, Kabila et actuellement, il est toujours à l’oeuvre sous Tshisekedi. Vital Kamerhe était avec Kabila père, Kabila fils et depuis, avec l’actuel président de la République. Que de beaux discours sans réalisations concrètes.
Avec cette politique qui tourne autour des individus que des visions, la République démocratique du Congo est loin de sortir du gouffre de la pauvreté. Ces politiques ne se soucient que de leur bien-être, laissant ainsi une marge considérable des populations dans des conditions de vie précaires. Il est temps que la politique soit plus sociale que politique.
Pour ce nouveau mandat, Vital Kamerhe sera secondé par Jean-Claude Tshilumbayi, qui a été élu premier vice-président avec 368 voix, l’éternel Mboso Nkodia qui a obtenu 379 voix, devenant ainsi le deuxième vice-président, Jacques Ndjoli est le nouveau rapporteur (385 voix), Dominique Munongo au poste de rapporteur adjoint avec 203 voix, Chimene Polipoli est élue questeur (375 voix), et Grâce Neema, questeur adjoint avec 368 voix. Sur les sept membres du bureau, 3 sont des femmes, une parité taillée sur mesure.
Guerschom Mohammed Vicci