Le Fonds national de réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (Fonarev) se lance dans l’opération d’identification des victimes de trente longues années de guerre de l’Est de la République démocratique du Congo.
Pour y arriver, Fonarev passe des enquêteurs locaux, venus de l’écosystème (Tous ceux qui travaillent en milieu des victimes, Ndlr), les victimes et ceux qui ont postulé. À en croire Hugo Budaho, coordonnateur Grand Est de Fonarev, plus de 4 mille candidatures ont été réceptionnées et seulement 105 ont été retenues, à l’issue du dépouillement, tenant compte de la transparence, de la représentativité et d’autres processus.
“Nous avons pris les CV de ceux qui ont postulé d’eux-mêmes, de l’écosystème ainsi que les victimes elles-mêmes”, a-t-il indiqué le Coordonateur Grand Est de Fonarev, expliquant qu’il est difficile de travailler sans les victimes, vu qu’elles sont l’objet central de chaque étape. “Nous ne pouvons pas travailler sans les victimes”, insiste Hugo Budaho.
Parmi les 105 personnes retenues, 70% sont des victimes et des gens de l’écosystème et les 30% restants sont ceux qui avaient déposé leurs CV lors du processus de recrutement. Cette main d’oeuvre locale devra travailler dans deux camps de déplacés, dont celui de 8ème Cepac au quartier Lac vert à Goma, et Don Bosco en territoire de Nyiragongo. “8e Cepac a 70% des déplacés et Don Bosco, c’est un camp structuré”, permettant de comprendre certaines réalités.
En ce qui touche aux critères de sélection des recrues, “Il fallait avoir une expérience dans la collecte des données ; minimum gradué (pour ceux qui ont déposé les CV), recommandations de l’écosystème”, et pour ce dernier cas, une vérification a été faite sur les compétentes de ces personnes dans le domaine d’enquête et d’enregistrement.
Madame Mireille Akonkwa, une de ces recrues de Goma, renseigne être passée par le formulaire de recrutement pour être retenue. “J’ai postulé via internet et après, je suis venue déposer le CV”, rejettant toute idée des magouilles : “Pour moi, c’était légal”.
Cette version est partagée par d’autres enquêteurs. Josué Wallay, venu de l’organisation Congo nouveau, a suivi le même processus que madame Mireille Akonkwa, même s’ils voient des mains dans des voix qui décrient des vices de procédures. “La question de réparation, même ceux-là qui peuvent être bourreaux, ils peuvent monter des intox contre l’organisation parce qu’ils n’ont pas besoin de la réparation”, qui pourrait conduire à les dénicher afin qu’ils répondent de leurs actes.
Avant d’être déployés sur terrain pour des enquêtes, ces 105 personnes passeront par une formation de trois jours, qui débute ce vendredi. Durant ces séances, une sensibilisation sera faite. “L’identification se fera sur chaque bloc et par tante”, est revenu Hugo Budaho.
Signalons ici que l’étape de l’identification est le premier pas vers la réparation. Elle permet non seulement d’enregistrer les victimes mais aussi et surtout, d’évaluer quelle réparation donnée. Cette identification devra d’abord couvrir une période de 27 jours. Néanmoins, ce délai pourra être prolongé, tenant compte du nombre de victimes.
Guerschom Mohammed Vicci