Ce qui devait être une lueur d’espoir dans le combat contre les rebelles du M23 se transforme peu à peu en un cauchemar, pour les populations civiles de la région de Goma. Les Wazalendo, ces groupes d’autodéfense initialement formés pour défendre la patrie contre l’avancée ennemie, sont désormais pointés du doigt pour une vague d’exactions inquiétantes.
Kidnappings, assassinats et racket, un quotidien d’angoisse
« Nous vivons dans la peur constante », confie Bienfait, un motard de l’axe Kalengera-Goma. Son témoignage réjoint celui de nombreuses victimes, qui rapportent des cas alarmants de kidnappings, d’assassinats et de rackets perpétrés par des éléments Wazalendo en connivence avec quelques éléments indisciplinés au sein des FARDC.
Le dernier drame en date est le corps sans vie d’un motard connu sous le nom de Musa Ibrahim, dont le corps sans vie a été retrouvé vendredi dans une fosse dans l’une des collines près de Kanyamahoro. « Musa quittait Kiwanja avec deux passagers, lorsqu’un groupe des Wazalendo les a interceptés sur la route, puis conduits dans la brousse. Après d’intenses recherches menées par les FARDC et un autre groupe des Wazalendo, son corps a été découvert, mais son passager reste porté disparu », témoigne un proche de la victime.
À Buhumba, une dame résidente de Kiwanja a échappé de justesse à un sort funeste. « Peu après le marché de choux, nous avons été arrêtés et conduits dans la brousse. Le motard a été égorgé devant nos yeux, sa moto et notre argent ont été pris », raconte-t-elle, encore sous le choc.
Des barrières de la terreur érigées sur les routes
Sur l’axe Kibumba, la situation n’est guère plus rassurante. Des barrières illégales ont été dressées par les Wazalendo, obligeant les automobilistes et les passants à s’acquitter d’un « péage » de 1000 Francs congolais, sous peine de représailles. « Ils doivent quitter les voies publiques et rester au front, nous ne pouvons plus voyager en sécurité », plaide un groupe de motards excédés. La situation est pareille sur tout cet axe jusqu’à Kihisi. « Il fait compter non moins de 7 points de perceptions (de taxe), de Kanyamahoro à Kihisi », confie un usager de l’axe.
Cette insécurité grandissante met en lumière les dérives d’une frange des Wazalendo, initialement constitués de groupes armés hétéroclites pour lutter contre le M23. Profitant du relâchement de l’État, certains se sont livrés à des activités criminelles telles que les kidnappings contre rançon.
« Il est urgent de faire la distinction entre les véritables combattants patriotes et ces fauteurs de troubles armés, qui sèment la terreur dans nos villes », exhorte Julien B. un habitant de Goma.
Un appel à l’action gouvernementale
Face à cette situation alarmante, les voix s’élèvent pour réclamer une intervention musclée des autorités. « Le gouvernement doit s’imposer et mettre hors d’état de nuire ces Wazalendo indisciplinés, qui prennent la population en otage », martèle Jean-Pierre Bukasa, analyste sécuritaire.
Alors que la menace rebelle plane toujours, il devient primordial de ramener l’ordre et la sécurité dans la région, afin de protéger les civils des exactions de cette frange déviante des Wazalendo. Le gouvernement est désormais sommé d’agir pour endiguer cette vague d’insécurité, et permettre aux véritables combattants patriotes de se concentrer sur la lutte contre l’ennemi commun.
Dans cette zone meurtrie par les conflits, la population retient son souffle, espérant que les autorités prendront rapidement les mesures nécessaires pour mettre fin au règne de la terreur imposé par ces Wazalendo armés incontrôlés.
Ngabiwele M.T