La Cour militaire de l’Ituri a ouvert samedi 10 mai à Bunia, une session consacrée à plusieurs affaires sensibles dont celle d’Abibu Sebu et d’Esther Maturu, membres du Programme de démobilisation, désarmement et Relevement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).
Ces derniers sont accusés de détournement de fonds s’élevant à plus de 150 000 USD, alloués au fonctionnement et aux opérations de démobilisation des ex-combattants en Ituri.
Cette offensive judiciaire survient dans un contexte déjà chargé. En 2024, des allégations similaires avaient émergé concernant la gestion des fonds du P-DDRCS. À l’époque, plusieurs agents avaient dénoncé des irrégularités dans la distribution des ressources destinées aux programmes de réinsertion. Ces révélations avaient suscité une vive indignation parmi les communautés touchées, et mis en lumière les failles du système.
Le P-DDRCS, acteur clé pour la pacification de l’Ituri, fait face à des critiques croissantes et à des difficultés opérationnelles. Les problèmes liés au désarmement et à la gestion financière compromettent la stabilisation durable de la région. Les ex-combattants qui devraient être réintégrés dans la société, se retrouvent souvent sans soutien ni ressource. Selon des observateurs locaux, cette situation alimente un cycle de violence, incitant certains anciens miliciens à reprendre les armes en raison du manque d’alternatives viables.
Les événements récents rappellent l’urgence d’une réforme structurelle au sein du P-DDRCS. En poursuivant ces responsables devant la justice militaire, les autorités cherchent à restaurer la confiance dans les institutions. Cependant, ces efforts risquent de rester vains sans réformes solides, visant à assurer transparence et efficacité dans les programmes de paix.
Il est impératif que les autorités congolaises prennent des mesures concrètes pour assainir les structures dédiées à la paix et à la réinsertion des ex-combattants. L’échec à agir pourrait transformer les initiatives de désarmement en simples opérations de détournement, nuisant ainsi non seulement à la paix, mais aussi à la stabilité durable tant souhaitée par les populations locales.
Les leçons tirées des scandales passés doivent servir d’impulsion pour une gouvernance plus responsable, et une allocation judicieuse des ressources. La pérennité des efforts de paix dépendra d’une volonté politique forte, accompagnée d’une gestion rigoureuse et transparente.
Chadrack Byaruhanga, depuis Bunia