L’état de siège sevit dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis presque trois ans, le cas du Nord-Kivu nous préoccupe. Depuis l’avènement de cette mesure « exceptionnelle », les autorités installées ont oeuvré dans tout sauf dans l’amélioration de la situation sécuritaire, raison de la mise en place des militaires et policiers à la gestion de la province.
La ville de Goma est restée la même sur la situation sécuritaire : des mesures mises en place par les dirigeants ont prouvé leur inefficacité et à lieu et place de les lever, les autorités ont multiplié d’autres mesures inefficaces et finalement, elles tâtonnent avec la sécurité des habitants de Goma : on tue toujours comme avant, et on cambriole toujours des maisons comme avant.
Depuis lors, tout est à vendre dans la ville de Goma. Les espaces publics n’existent presque plus car cédés aux particuliers, en échanges de quelques fonds dans la caisse. L’espace « Kamuchanga » a été vendu, puis la pression a fait qu’on le remette et depuis, le doute persiste. D’autres espaces voire devant le Musée (siège du gouvernorat, Ndlr) courent un risque, sans parler de la place de la révolution, spoliée sous la barbe des autorités militaires.
Dans cette vague, le cimetière de l’ITIG n’est pas épargné : même les morts ne sont pas respectés. Ces autorités qui nous gouvernent (André Santini parlerait bien de : « Ces imbéciles qui nous gouvernent »), sont allées jusqu’à demander aux familles ayant enterré les leur, de suivre les mécanismes établis pour les exhumer aux fins d’un enterrement ailleurs.
Le dernier niveau est dépassé : les tracteurs ont entrepris la démolition des tombes récemment érigées au cimetière de l’ITIG : l’état de siège crache ainsi sur les morts. Avec cette destruction, les autorités effacent des souvenirs des êtres chers voire très chers, qui reposaient en cet endroit : où iront pleurer et nettoyer des familles et particulièrement des enfants, qui ont enterré leurs parents le 1er août (fête des parents, Ndlr) ? L’état de siège ne peut pas y répondre : ce qui les intéresse, c’est l’argent et pour cela, tout est à vendre.
C’est fait ! On peut maintenant oublier le concept « Paix » dans la ville de Goma : vivant ou mort, l’insécurité poursuit les habitants. De son vivant, les bandits armés mettent la pression sur les habitations et pire, ils tuent. À la mort, l’insécurité te poursuit : votre tombe risque de ne pas avoir d’adresse. Les morts sont exhumés au nom de la maximisation des recettes et pour cela, les autorités de l’état de siège sont prêtes à tout.
Les députés provinciaux de la législature passée, n’ont pas non plus des mains propres dans cette affaire : ils étaient bien qu’en congé, là quand cette vague de spoliations a commencé par secouer la ville touristique. Certaines démarches ont été entreprises par certains d’entre ces élus, mais sans suite.
Guerschom Mohammed Vicci