L’opération « Safisha muji wa Goma » est l’oeuvre de la mairie de la capitale provinciale du Nord-Kivu, pour faire face à une Insécurité de toute allure. Derrière cette « volonté », une réalité sombre habillée en veste rouge, s’est installée : la routine sans aucun résultat sur le terrain.
Cette opération consiste à une sequence : le maire policier, le Commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin présente une série de personnes arrêtées sous la casquette de « présumés » criminels, qui endeuillent et endorment la ville de Goma.
Certains de ces présumés ont toujours clamé leur innocence, indiquant avoir été appréhendés dans des bars et bistros. Pour prouver ce fait, quelques-uns ont été même relâchés après leur présentation devant les journalistes, donnant un sens complet et parfait à leurs plaintes.
Seul le maire sait le résultat de cette campagne qui ne connait pas sa fin car sur terrain, de « vrais » criminels font toujours la loi : des maisons se font toujours cambrioler et des vies arrachées sous la barbe naïve de l’opération « Safisha muji wa Goma », qui ne parvient toujours pas à rendre la ville « safi ».
Sous l’impuissance de l’état de siège, la ville touristique est devenue un endroit invivable pour les touristes. L’architecture n’est pas plaisante : les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda dans la guerre d’agression et quelque part, l’Ouganda si l’on s’en tient au dernier rapport des experts des Nations-unies, entourent la ville. Et à cela, des déplacés venus de tous les horizons qui se sont installés dans des camps et sites à retrouver dans et autour de Goma, sans faire abstraction au phénomène « Wazalendo », refuge de toutes les personnes malintentionnées.
La situation est complexe dans et autour de la ville et donc, la stratégie devrait emboîter le même pas pour sortir Goma de la merde. Le maire doit l’admettre : l’opération « Safisha muji wa Goma » a prouvé ses limites. De ce fait, il faudra trouver d’autres mécanismes pour sécuriser la ville aux allures inquiétantes et troublantes.
Ces présentations en cascade de personnes ramassées ça et là, ne vont pas sortir Goma de son trou. Bien au contraire, elles l’enfoncent et endorment la population qui du reste, n’est pas naïve : Goma sait que rien ne marche sur le plan sécuritaire, malgré les tentatives désespérées et épuisées de la mairie de rassurer sur le « travail » qui est en train d’être abattu.
Le maire doit sortir de son sommeil et saisir la balle au bond : cette insécurité va au-delà de la célèbre opération « Safisha muji wa Goma ». Présenter ces personnes ne va pas sauver la situation, surtout que personne ne sait toujours leur sort après leur défèrement devant la justice : il faudra peut-être des procès publics pour donner leçon aux autres, qui courent toujours dans la nature.
À cela, il faut renforcer la confiance entre les patrouilleurs et les civils : que ces militaires et policiers envoyés dans des quartiers, sécurisent vraiment les populations locales sans profiter du noir pour des tracasseries. Ici aussi, il faudra être très rigoureux envers ces hommes en uniforme pour les amener à être des modèles : que les accusations portées devant leur hiérarchie, ne restent pas lettres mortes. Des biens qu’ils ont récupérés la nuit, doivent être remboursés aux propriétaires : « Nos téléphones et notre argent ne sont pas les leur », lancent souvent des jeunes victimes.
Les postes de police, les administrations locales doivent être remises en niveau pour savoir de nouveaux venus, leur travail, le motif de leurs séjours et les raisons derrière ces déplacements en désordre des individus dans des maisons en location.
La ville de Goma sait se relever après une chute mais les autorités devraient apprendre à lui éviter des chutes répétées dans un laps de temps : ces personnes tuées chaque jour commencent à être de trop, des maisons vidées par des inconnus créent des lamentations et colères internes, de peur qu’un jour, cette ville sombre à jamais dans une situation où elle sera difficile voire impossible à récupérer.
La mairie, le gouvernorat et les autres services de sécurité, réveillez-vous. Il y a des tâches à remplir avec honneur et grandeur : sortir la ville de Goma de cette insécurité sera un bilan qui peut permettre à toutes les vies injustement arrachées ces derniers mois, de reposer en paix dans leur dernière demeure.
La Rédaction