Réunis au sein du barreau du Nord-Kivu, les avocats dénoncent les arrestations arbitraires dont ils sont victimes au motif de collaborer avec les rebelles du M23-RDF, qui occupent des entités de la République démocratique du Congo depuis plus de deux ans.
Lors d’une conférence de presse animée jeudi 5 septembre à Goma, ces hommes en toge ont exprimé leurs regrets face à la détention de certains de leurs confrères, dont Maîtres Chebeya Bandu, Tsongo Kakurusi Fabrice et Jean-Paul Ngahangondi, accusés « sans fondement » d’avoir participé à un mouvement insurrectionnel.
Le bâtonnier Joseph Sanane a déploré que ces actes, qu’il considère comme du harcèlement, des intimidations et des atteintes à l’intégrité physique, s’intensifient pendant la période de l’état de siège, une mesure perçue comme une menace pour les avocats.
« Suite aux dérives de l’état de droit depuis la proclamation de l’état de siège, aggravées par la guerre d’agression, les membres du barreau du Nord-Kivu sont de plus en plus harcelés, intimidés, privés de liberté et subissent des atteintes à leur intégrité physique de la part de certains magistrats des parquets et des services de renseignement militaires. Par exemple, Me Chebeya Bandu, membre de notre barreau, a été arrêté le 6 juillet à Goma par des agents de renseignement militaires, et transféré à l’ex-DEMIAP à Kinshasa sous prétexte qu’il serait en contact avec un cadre du M23, sans preuves tangibles. Nous craignons que sa santé, déjà fragile en tant que diabétique avéré, ne se détériore davantage », a laissé entendre le bâtonnier.
Les avocats du Nord-Kivu estiment que ces harcèlements remettent en question l’engagement du président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, à promouvoir un état de droit en République démocratique du Congo.
Ils envisagent des actions d’envergure, parmi lesquelles l’observation de journées sans toge dans toute la province du Nord-Kivu, si leurs confrères ne sont pas libérés.
« Comme le démontre la démocratie, les avocats du Nord-Kivu méritent une protection particulière au regard du service que nous rendons à la société. Nous réitérons ici notre requête adressée à Madame la ministre des droits humains, actuellement en séjour à Goma, pour obtenir la libération des confrères Chebeya Bandu et Tsongo Kakurusi Fabrice, détenus arbitrairement par le service DEMIAP. Faute de quoi, le barreau du Nord-Kivu envisage d’appeler ses membres à observer des journées sans toge », insiste le bâtonnier Joseph Sanane.
Le conseil de l’ordre des avocats du Nord-Kivu saisit cette occasion pour rappeler aux autorités de l’état de siège que les avocats doivent pouvoir exercer leur profession en toute sécurité et conformément aux principes d’éthique et de déontologie, et que cette gouvernance militaire ne doit pas constituer une menace.
Yannick Warangasi