Après avoir consacré toute sa vie dans le service des médias (52 ans), l’icône Ezra Kasereka a finalement pris sa retraite depuis quelques jours. Le très célèbre directeur de la Radio Sauti ya injili (RSI) de la ville de Goma est une bibliothèque vivante et un modèle parfait de gestion d’un organe de presse. Il suffit de voir la RSI qu’il laisse sans aucune dette et moins encore des arriérés de salaire des agents.
Pris dans la foulée après son cursus scolaire et obligé de quitter sa zone de confort pour une nouvelle destination (Bukavu), la bibliothèque a pourtant hésité. « Bukavu, je n’y étais pas encore arrivé. Je vivais à Kitsumbiro au Nord-Kivu. Je me suis dit que c’était compliqué et je ne pouvais pas aller à Bukavu », explique le désormais ancien directeur de la Radio Sauti ya injili devant les Chevaliers de la plume, ce jeudi 09 novembre à Goma.
Après des moments sérieux de réflexion dans son doctoir et des conseillers de plusieurs des amis et dirigeants de son école, Ezra Kasereka a ouvert la porte à un destin, qui se dessine élogieux et plein d’honneurs.
Il compare son entrée dans les médias comme l’appel de Jonas dans la bible. « Si je refusais, ça serait comme Jonas. Dieu l’a appelé pour aller à Ninawi et s’est dirigé ailleurs », se voit le Pasteur dans l’histoire du passé.
Ezra Kasereka est passé par La voix du Zaïre, l’actuelle Radio télévision nationale congolaise (RTNC) où il a presté comme animateur durant de longues années. D’autres ondes à l’extérieur du pays ont gouté du savoir-faire de cette icône dont celles de l’Afrique de l’Est. Parmi lesquelles la Radio Cordac Bujumbura (Burundi), Radio Addis-Abeba en Ethiopie, Kijabe au Kenya, Radio Morovia (Liberia) où des émissions animées par l’ancien directeur ont fait le tour.
La guerre !
On ne peut pas passer sa vie dans la partie orientale de la République démocratique du Congo sans avoir subi au moins une fois, les effets néfastes de la guerre. « La guerre freine le développement du pays », se rappelle Ezra Kasereka des événements malheureux, qui ont touché la Radio Cordac. « Quand la guerre est arrivée, des bombes ont détruit la résidence de la radio et la radio a été réduite au silence », se remémore-t-il. Après cette expérience douloureuse, la Radio Sauti ya injili verra le jour vu la constance de l’appelé.
Parmi ses plus grands succès, Ezra Kasereka place cet honneur lui réservé par l’Union nationale de la presse du Congo, UNPC/section du Nord-Kivu en tête d’affiche. « Je vous remercie tellement de m’avoir honoré », sourit l’icône après cette pensée pieuse de l’organe faîtier de la presse.
La gigantesque difficulté de sa carrière reste l’absence des moyens conséquents pour subvenir aux besoins des uns et des autres personnes, qui ont pourtant concouru à l’émergence de la Radio Sauti ya injili. « Nous avons vraiment travaillé dans de mauvaises conditions durant toutes ces années », regrette l’ancien directeur, qui a vu nombreux de ses poussins s’envoler plus haut vers d’autres cieux, à la recherche du lucre.
Avec toutes ces expériences, le modèle de gestion, Ezra Kasereka invite les gestionnaires des médias et particulièrement des radios au travers la province du Nord-Kivu à collaborer avec tous les agents, pour développer un climat de convivialité.
« Derrière chaque grand homme, se cache une grande dame » et derrière Ezra Kasereka se trouve Lucie Kabuo. Le modèle de gestion et la bibliothèque vivante n’a pas tari d’honneurs quand il fallait parler son unique épouse. Ezra Kasereka a dédié son succès à sa femme Lucie Kabuo, qui a enduré l’ensemble de difficultés aux côtés de l’icône sans jamais l’abandonner.
Signalons ici qu’une enveloppe a été remise au couple Ezra Kasereka par les dirigeants de l’UNPC/Nord-Kivu, en guise d’un geste de remerciement pour toute la carrière riche.
Guerschom Mohammed Vicci