La décision récente du Kenya et de la Tanzanie d’exempter les citoyens de la République démocratique du Congo (RDC) de l’obligation de visa pour entrer sur leurs territoires, est une étape importante vers la libre circulation des personnes au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). En effet, cette mesure va dans le sens des dispositions du Protocole sur le Marché commun de la CAE, qui prévoit la liberté de circulation des personnes et des travailleurs à travers la région.
Le Secrétaire général de la CAE, M. Peter Mathuki a d’ailleurs salué cette décision, la qualifiant de « démonstration de bonne volonté politique entre les États membres pour promouvoir l’intégration régionale ». Selon lui, cette exemption réciproque de visas devrait stimuler le commerce intra-régional, et améliorer le bien-être des citoyens est-africains.
Pourtant, l’Ouganda n’a pas encore emboîté le pas à ses voisins kényan et tanzanien. Malgré sa proximité géographique avec la RDC et son appartenance à la même communauté régionale, il maintient toujours l’obligation de visa pour les Congolais souhaitant se rendre en Ouganda.
Plusieurs raisons peuvent expliquer la frilosité ougandaise sur ce sujet. Tout d’abord, il existe des tensions politiques latentes entre les deux pays, notamment sur la gestion des groupes rebelles actifs dans l’Est de la RDC. L’Ouganda craint que la libre circulation avec la RDC n’ouvre la porte à des infiltrations et déstabilisations.
De plus, sur le plan économique, l’Ouganda redoute une concurrence accrue des produits et de la main-d’œuvre congolaise sur son marché intérieur. L’exemption de visas est perçue comme un facteur d’afflux massif des migrants congolais.
Enfin, les autorités ougandaises invoquent des risques sécuritaires, comme la possible augmentation de la criminalité transfrontalière. Le contrôle des flux migratoires est vu comme un instrument de sauvegarde de la sécurité nationale.
Malgré ces réticences, l’Ouganda va devoir tôt ou tard s’aligner sur la dynamique communautaire et lever les restrictions de visas pour les Congolais. Ne pas le faire reviendrait à freiner le processus d’intégration régionale auquel il a pourtant adhéré surtout, après l’adhésion récente de la RDC à la CAE. S’il veut récolter les bénéfices économiques de l’ouverture des frontières, le pays devra accepter d’en payer le prix politique.
Claudine N. I.