Un simple communiqué a suffit au Maire de Goma, le Commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin, pour semer le désarroi, le doute et faire naviguer la dixième édition du Festival Amani dans des eaux troubles.
Tout au long de la journée du mardi 12 novembre, les organisateurs sont restés rassurants et précis lors d’un point de presse animé le même jour, “il y aura la dixième édition du Festival Amani du 14 au 17”, d’abord à Serena hôtel pour l’ouverture, avant les prestations qui débuteront le vendredi 15 au village Ihusi, à Kituku. Cette version devrait rester vivante, s’il n’y avait pas un communiqué tard dans la soirée.
Des voix discordantes étaient déjà au rendez-vous, bien que minimes et faciles à étouffer. Les mouvements citoyens ont d’ailleurs été reçus par les organisateurs du Festival Amani, et à la sortie, ils avaient bel et bien changé d’avis. “J’appelle toute la population en général, venez participer”, a lâché Espoir Mwinuka de la Lucha, au sortir de la rencontre.
Le chemin était déjà balisé pour la dixième édition du Festival Amani. Néanmoins, il ne fallait pas compter sur le maire policier de Goma, qui est venu ballayer tous les espoirs : “Le Festival Amani n’est pas autorisé au lieu et date tel que prévu par les organisateurs”, peut-on lire dans ce document, avec comme motif avancé : “les raisons d’ordre sécuritaire”, troublant ainsi l’avancée des processus.
Aux côtés du Maire, le Mouvement national congolais (MNC), qui maintient son refus de l’organisation de cette édition. Ce mouvement, lors d’une déclaration dimache dernier justifiait sa position pour la même raison que l’autorité urbaine : “sécuritaire”, et aussi du fait que disait-il, “l’apport à la paix est nul”. De ce fait, le MNC avait prévu des manifestations ce mercredi, qui ont été interdites par l’autorité urbaine.
Malgré cette interdiction, des manifestations ont vécu la soirée du mardi 12 et la matinée de ce mercredi 13 dans la partie Nord de la ville de Goma, bloquant le passage sur les axes Mutinga-Afia Bora et Mutinga-Majengo : des pierres ont été visibles et des crépitements de balles se sont faits entendre, avant que la circulation ne revienne autour de 9 heures locale, après intervention des services de sécurité dont des éléments de la Police militaire.
Déjà le 29 octobre dernier, le Directeur du Festival Amani, Guillaume Bisimwa avait rencontré le Gouverneur militaire intérimaire du Nord-Kivu pour l’organisation de la dixième édition du Festival Amani. « Nous avons échangé avec l’Autorité provinciale sur les dix années du Festival Amani, et nous avons parlé des activités qui se préparent pendant ces 4 jours”, et avait-il souligné, « nous avons sollicité l’accompagnement de l’Autorité durant ces 4 jours d’activités pour que ce moment soit une occasion à pouvoir faire passer de message de paix et de cohabitation pacifique dans la région ».
Contradictions entre autorités
Cette situation remet à jour une contradiction déjà vécue en ville de Goma, en province du Nord-Kivu. Entre le Gouverneur militaire intérimaire du Nord-Kivu et le Maire de Goma, le langage est souvent transversal face à certaines activités.
Les violons ne s’accordent pas, encore cette fois-ci. Lors de la rencontre entre le Directeur du Festival Amani et l’autorité provinciale, les rassurances sécuritaires pour une bonne passation avaient été sollicitées et donc, données par le Gouverneur militaire intérimaire et voir le Communiqué du Maire interdire ce rendez-vous, cela explique qu’il y a encore des problèmes.
Peu avant, le Gouverneur militaire intérimaire du Nord-Kivu et le maire de Goma étaient déjà dans la même situation, et la décision du gouverneur avait pris le dessus. Lors de l’arrivée de Vital Kamerhe après sa sortie de prison dans le dossier 100 jours de Félix-Antoine Tshisekedi, le Maire, le Commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin avait interdit l’organisation du meeting de l’actuel speaker de la chambre basse. Au finish, le Gouverneur avait autorisé et le meeting avait vécu à Goma.
L’unicité dans la prise de décision est importante, surtout dans une province comme le Nord-Kivu. Il est impérieux que le Gouverneur militaire intérimaire et le Maire de Goma se mettent ensemble pour éteindre cet écart et ainsi, permettre à la population de ne pas être dans la confusion.
Guerschom Mohammed Vicci