Dans une atmosphère pleine d’émotions, onze corps de victimes du naufrage du bateau MV Merdi du jeudi dernier ont été exposés ce jeudi 10 octobre à l’esplanade du Stade de l’unité de Goma au Nord-Kivu, pour les derniers hommages avant leur enterrement qui a suivi au cimetière de Makao, en territoire de Nyiragongo.
Dans son discours, le gouverneur du Sud-Kivu, le Professeur Jean-Jacques Purusi Sadiki remonte ce désastre dans le temps, attribuant ce naufrage aux « magouilles » orchestrées par les services de l’État, mettant la vie des personnes au second plan.

« Ce qui fait à ce qu’on se réunit ici, c’est en raison des « coopes » », accusant ouvertement les services de l’État de « corruption, gestion crapuleuse de la chose publique, irresponsabilité« , ce qui amène souvent à de pertes énormes des vies humaines. « Beaucoup de dirigeants qui sont ici et ceux qui sont à Kinshasa, nombreux sont des voleurs, des irresponsables », a lâché l’autorité provinciale du Sud-Kivu.
Pour lui, ce sont ces magouilles qui ont endeuillé les deux provinces du Kivu. « Un bateau qui a la capacité de 100 personnes, des hypothèses nous ont dit que probablement, ils ont fait entrer des gens comme ça se fait de nombreuses fois », et cela, regrette le Professeur Jean-Jacques Purusi, sans être enregistrés sur le manifeste, « on a fait entrer des gens parce qu’ils avaient donné quelque chose ».
Il a présumé que des cassiterites et des coltans étaient à abord du bateau MV Merdi, « Et c’est cette culture de « coope » qui a fait à ce que les gens soient entrés dans le bateau sans voir le nombre qui y était », rejettant ainsi une part de responsabilité aux populations, victimes du naufrage.
Le gouverneur du Sud-Kivu s’est interrogé sur la destination des gilets de sauvetage offerts par le Président Félix-Antoine Tshisekedi en avril 2019, au lendemain du naufrage de Mukwija, et les quatre bateaux dotés par la même occasion qui devraient couvrir les ports de Minova, Kinyezire, Nyamukubi, Bakasulu, fustigeant que ces engins ont été orientés en destination de Bukavu. « Aujourd’hui, c’est seul qui fonctionne ».
Pour éviter d’autres drames dans l’avenir, un cadre permanent de concertation sur la gestion du lac Kivu entre les gouverneurs du Nord et Sud-Kivu a été mis en place. Dans les prochains jours, des acteurs de la société civile pourront intégrer ce cadre aux côtés des chefs traditionnels, des administrateurs de territoires et des responsables politiques et militaires de deux provinces.
Le gouverneur Jean-Jacques Purusi promet une dotation de 5 000 gilets de sauvetage aux armateurs et à la communauté, indiquant que des modalités de distribution seront étudiées.
Jusqu’ici, le bilan fait état de 37 morts et 58 rescapés et plus de 500 disparus, qui demeurent encore sous l’eau. Pour ce qui est de l’enterrement dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, le programme prévoit le départ des corps pour ce week-end à partir de Goma, avant qu’une cérémonie en leur mémoire, ne soit organisée en guise de recueillement.
Guerschom Mohammed Vicci