Depuis une semaine que les combats s’intensifient autour de la cité stratégique de Sake en territoire de Masisi, le ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Jean-Pierre Bemba fait de « va-et-vient » dans la ville de Goma en province du Nord-Kivu.
Après ses 6 heures passées la semaine passée, Jean-Pierre Bemba est de nouveau revenu mardi 13 février dans la ville touristique. À son enterrissage, « Je confirme que les troupes de la SADC combattent aux côtés des FARDC » et que tout était mis en oeuvre pour protéger la ville de Goma et la cité de Sake, les mêmes phrases.
Depuis quelques jours, ce sont les Forces de défense du Rwanda se faisant passer pour les terroristes du M23, qui lancent des attaques sans relâche contre les positions des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et des groupes d’autodéfense. Les forces loyalistes ne jouent qu’à la défensive, à lieu et place de passer dans l’offensive.
Qu’est-ce qui est fait pour protéger la ville de Goma et la cité de Sake ?
Dans le chef de la guerre d’agression menée par le Rwanda avec la complicité de l’Ouganda bien que passée sous silence par Kinshasa, le gouvernement congolais a signé de nombreux accords pour limiter les dégâts.
D’abord la Force régionale de l’East african community (EAC-RF). Cette force est venue avec la même ambition et sur ce point, L’EAC-RF a réussi. La ville de Goma et moins encore la cité de Sake ne sont tombées entre les mains de ces terroristes. Cette force a même réussi à repousser la menace très loin de la ville et de la cité, sans jamais tirer un coup de balle contre les M23/RDF bien qu’elle a perdu un de ses éléments, même s’ils ont prêché avec des soupçons de collaboration avec ces ennemis de la République.
Après avoir transformé sa mission « offensive » à la mission « diplomatique » en instaurant une zone tampon, l’EAC-RF a été remerciée après plusieurs demandes des acteurs politiques et de la société civile. À leur départ, les terroristes du M23/RDF étaient conséquemment éloignés des entités que le gouvernement congolais ne veut pas voir passer sous leur contrôle.
Pour faire face aux velléités expansionnistes des Forces de défense du Rwanda (RDF) et de la soif de Paul Kagame, la Force de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Samidrc) remplace l’EAC-RF. Cette fois-ci, cette force a une mission offensive. Depuis son arrivée qui a commencé en décembre 2023, d’autres troupes arrivent encore et d’autres dont les forces tanzaniennes et Sud-africaines sont déjà à l’oeuvre, pour stopper l’avancée des terroristes du M23/RDF et l’Alliance fleuve Congo de Corneille Nangaa. La carte est jusque-là bien jouée, malgré des menaces qui s’accroissent sur la cité stratégique de Sake et la ville de Goma.
Le gouvernement s’est adapté
Le gouvernement court dans tous les sens pour trouver des solutions aux trois vieilles décennies de bain de sang. Dans la fièvre, l’annonce de l’opération Springbok de la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation de la République démocratique du Congo aux côtés des FARDC et l’avènement des groupes d’autodéfense « Wazalendo », que personne n’a vu venir.
Les Forces de défense du Rwanda qui se font passer pour les terroristes du M23, ne savaient qu’avoir les FARDC sur le chemin avant qu’ils ne croisent le chemin des Wazalendo. L’arrivée des groupes d’autodéfense dans la donne prend forme, lorsque ces terroristes ont commencé à étendre leur zone de contrôle dans le territoire de Masisi. Les multiples groupes armés qui écument ce territoire, se forment en coalition pour défendre la patrie en danger, avec la présence de l’armée rwandaise sur le territoire congolais.
La résistance populaire témoignée par un patriotisme avéré, rassemble ces groupes devenus d’autodéfense, qui se font réjoindre par des jeunes patriotes volontaires, pour protéger la patrie. Cette resistance a fait sa marque. Pour preuve, les groupes Wazalendo ont fait une mission réussie de reconquête des territoires et la cité stratégique de Kitshanga est un jour passée entre les mains de ces jeunes patriotes, en octobre 2023, après avoir battu à plate couture les terroristes du M23/RDF.
Annoncée sur le chemin du départ, la Monusco a aussi affirmé sa détermination à préserver la cité de Sake et la ville de Goma des M23/RDF. L’opération Springbok lancée le 6 novembre 2023, a une mission défensive. « L’objectif de cette opération est de mettre en échec toute agression contre la zone à défendre », a rappelé l’officier du bureau du porte-parole militaire de la Force de la MONUSCO, le major Hassan Kheira dans un entretien avec la Radio Okapi.
Face à l’opération Springbok et les groupes d’autodéfense, le gouvernement congolais n’ayant pas prévu, a été obligé de s’adapter. « Tous les moyens sont bons pourvu que le but soit atteint », disait Nicolas Machiavel à son époque. Et ces deux moyens étaient les bienvenues pour stopper l’avancée des terroristes du Mouvement du 23 mars, appuyés par les Forces de défense du Rwanda et l’Alliance fleuve Congo (AFC).
Guerschom Mohammed Vicci