La situation humanitaire dans des camps et sites des déplacés autour de la ville de Goma au Nord-Kivu, demeure “chaotique”. Les organisations humanitaires dont Save the children, Mercy corps et lnteraction (un consortium d’organisations humanitaires et de développement basé aux Etats-unis) ont fait mention dans une conférence de presse mercredi 22 mai, de plus de cent sites de déplacés, hébergeant plus de 630 mille personnes, selon les chiffres du mois de mars. Ces endroits débordés, manquent malheureusement un accès aux services sociaux.
Tjada D’oyen McKenna de Mercy corps regrette que toutes les femmes déplacées, qui avaient comme activité principale l’agriculture, ne savent plus à quel saint se vouer. Cette situation accentue le risque de l’insécurité alimentaire, aggravée par la hausse généralisée de prix de marché, mettant en mal les jeunes filles et femmes qui vivent dans des camps.
Parmi les graves risques que courent ces femmes et jeunes filles, celle-ci fait mention de Violences basées sur le genre (VBG). Cette révélation n’est pas sans conséquence. Déjà entre 2021 et 2023, le nombre de cas des Violences sexuelles et celles basées a triplé : de 40 mille cas en 2021, les chiffres ont atteint 123 mille cas. Ceci s’explique par le fait que nombreuses parmi ces personnes, sont contraintes de quitter les camps pour chercher de quoi se nourrir.
“Nombreuses ont peur de rapporter les violences qu’elles ont subies, parce qu’elles ont peur d’être accusées de prostitution”, ce qui aura un impact considérable au niveau tant familial que social, pourtant, les organisations humanitaires dont Mercy corps se trouvent obliger de passer moins de temps aux côtés de ces femmes et jeunes filles, en raison du contexte sécuritaire. “Cette crise, il ne faut pas qu’on oublie qu’on est en train de risquer toute une génération. Si on ignore cette crise, c’est comme si on tournait un œil aveuglé”, à une situation qui affecte de milliers de personnes.
Pour la CEO de Save the children, Janti Soeripto, le conflit actuel en République démocratique du Congo atteint un cycle différent, dépassant l’histoire longue du cycle de crises qu’a déjà connu le pays. Durant les deux jours qu’elle a passé aux camps, elle déplore que des enfants particulièrement, soient exposés à des risques tant physique que sécuritaire : pas de nourritures, pas de véritables abris, avec des enfants qui passent nuit sur des laves du volcan. Malgré cette situation, Mme Janti Soeripto déplore qu’il demeure jusque-là difficile “d’attirer l’attention sur la crise en RDC”.
Tom Hart de Interaction, “Il ne s’agit pas de la même crise dont on parle depuis 30 ans en RDC”. Pour lui, certaines situations qui sont actuellement vécues par les déplacés, “n’ont pas un précédent”, pourtant, la réponse humanitaire apportée est loin d’être en adéquation avec la gravité de la crise sur terrain. “Le monde a besoin de se réveiller en cette crise”, lance Tom Hart, pour que des réponses adéquates soient données aux difficultés des déplacés.
Il invite à l’implication diplomatique pour favoriser la protection des civils. Au-delà, Tom Hart appelle à des plaidoyers qui aboutiront à un processus de négociation entre les belligérants, et qui conduiront à des accords de paix. Pour l’instant, il rappelle le besoin urgent des ressources, pour décanter les conditions de vie misérables des déplacés.
Sur 2,5 milliards de dollars américains demandé par les organisations humanitaires pour pallier cette crise, seulement 17% ont déjà été servi. Les organisations humanitaires demeurent dans l’incapacité de subvenir à tous les besoins ressentis par ces personnes déplacées de guerre, qui ont tout abandonné dans leur fuite.
Guerschom Mohammed Vicci