On en parle peut-être moins mais il fait plus de dégâts. La République démocratique du Congo dans sa partie orientale, connait des épisodes sans fin d’une série interminable de guerre.
Si plus de 10 millions de morts sont comptés depuis que le démon suce le sang des populations de l’Est, de nombreuses familles sont aussi séparées de leurs et des générations entières sont consumées et détruites par ces longues décennies de guerre.
Le Comité international de la Croix-Rouge reconnait cette situation. Il en parle simplement comme « L’une des conséquences méconnues de ces violences », en évoquant « l’incapacité pour des milliers de personnes de retrouver des membres de leurs familles, dont ils ont perdu de trace ».
Dans cette optique, le CICR en collaboration avec la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo (CRRDC) le 29 juin dernier, une opération de réunification familiale dans la partie Sud-est de la RDC.
Après deux semaines de travail dans les provinces de Tanganyika et du Haut-Katanga, 46 enfants dont l’âge varie entre 7 et 18 ans ont été remis auprès des membres de leurs familles dans plusieurs agglomérations.
Parmi les entités desservies, « 28 enfants ont retrouvé leurs proches à Kalemie, Kongolo, Nyunzu, Kabalo, Ankoro et Manono » dans la province de Tanganyika et dans le Haut-Katanga, « 18 enfants ont été réunifiés à Pweto et Moba ».
Elena Grammatica, coordinatrice du département de protection des liens familiaux du CICR en RDC rapporte que certains de ces enfants ont été séparés de leurs familles pendant au moins six années, soit de 2016 à 2022 en raison de violences qui avaient secoué la région.
Pour elle, ces retrouvailles constituent une satisfaction pour le CICR vu que les approches de recherche mises en place prennent souvent des mois voire des années, de suite des difficultés d’accès à certaines zones de recherche, dues notamment à des contraintes logistiques et sécuritaires.
Quatorze autres enfants et des jeunes adultes vulnérables, venus essentiellement de la Centrafrique, Bas et Hau-uele et de l’Ituri avaient retrouvé les leur, le 14 juin. « Ces personnes avaient été séparées de leurs familles et s’étaient déplacées en République centrafricaine entre 2017, 2018 et 2023 à la suite des conflits armés au Nord-est de la RDC ».
Le CICR et la CRRDC ont installé des dispositifs offrant une certaine possibilité aux personnes déplacées et séparées de leurs familles d’avoir une marge de les contacter, dans le but de faciliter leur réunification. Ces dispositifs touchent particulièrement les provinces de l’Ituri, du Nord et Sud-Kivu ainsi que l’ex Grand Katanga en République démocratique du Congo.
Le défi reste cependant énorme dans des régions comme les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, où la guerre continue à occasionner d’autres séparations : des enfants et parents se retrouvent chaque jour séparés dans la recherche d’un havre de paix. Ces cas de séparation familiale sont déjà signalés dans le territoire de Lubero, où des enfants recherchent leurs parents et vice-versa, des gens qui se sont perdus de regard lors de la fuite de l’avancée des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda dans ce territoire.
Guerschom Mohammed Vicci