Dans les rues de Goma, une métamorphose silencieuse s’opère. Les yeux des visiteurs, habitués aux récits de guerre et de désolation, s’émerveillent devant un spectacle inattendu : celui d’une ville en pleine effervescence immobilière. Comment expliquer ce phénomène qui semble défier toute logique dans une région marquée par trois décennies de conflit ?
Une beauté qui défie l’adversité
Nichée entre les rives du lac Kivu et les pentes du volcan Nyiragongo, Goma captive d’abord par son cadre naturel exceptionnel. Son climat tempéré et son relief escarpé offrent un décor de carte postale qui contraste vivement avec les images de chaos véhiculées par les médias internationaux.
Mais ce n’est pas seulement la nature qui attire l’attention. Partout dans la ville, de somptueuses demeures s’élèvent, témoins d’une prospérité aussi soudaine qu’énigmatique. Les bulldozers et les grues sont devenus partie intégrante du paysage urbain, effaçant les vestiges du passé pour faire place à un avenir qui se veut radieux.
Un marché immobilier en ébullition
Les experts du secteur peinent à expliquer l’ampleur du phénomène. Les chiffres, pourtant, parlent d’eux-mêmes : en centre-ville, les parcelles s’arrachent à plus de 200 000 dollars, tandis que la périphérie immédiate voit les prix osciller autour de 50 000 dollars. Même les nouvelles cités qui s’étendent le long de l’axe Masisi, comme Mugunga ou Lac Vert, affichent des tarifs entre 20 000 et 30 000 dollars.
« C’est un boom sans précédent », murmure un agent immobilier local, le regard perdu dans la contemplation d’un chantier voisin. « Mais d’où vient tout cet argent ? » La question sur toutes les lèvres, reste sans réponse satisfaisante.
L’énigme des capitaux
Car c’est bien là que réside tout le mystère de Goma. Comment une ville, théâtre de conflits armés depuis près de vingt ans, peut-elle connaître une telle explosion immobilière ? Les explications avancées par les experts semblent fragiles, incapables de résoudre ce qui apparaît comme un véritable paradoxe économique.
Certains évoquent timidement l’afflux d’organisations internationales et d’ONGs, d’autres pointent du doigt l’exploitation des ressources naturelles de la région. Mais ces hypothèses suffisent-elles à justifier l’ampleur du phénomène ?
Entre espoir et scepticisme
Alors que les gratte-ciels s’élancent vers le ciel de Goma, l’observateur attentif ne peut s’empêcher de s’interroger. Cette renaissance architecturale est-elle le prélude à une ère de paix et de prospérité tant attendue ? Ou n’est-elle qu’un mirage, une façade scintillante masquant des réalités plus sombres ?
Les habitants de Goma, eux, oscillent entre espoir et scepticisme. Beaucoup voient dans cette transformation le signe d’un renouveau, l’espoir d’un avenir meilleur pour leur ville tant éprouvée. D’autres, plus circonspects, s’inquiètent des conséquences de cette flambée immobilière sur les plus vulnérables.
Une chose est sûre : Goma fascine et intrigue. Son boom immobilier, véritable énigme économique, continue de soulever plus de questions que de réponses. Dans les rues de la ville, entre les chantiers et les nouvelles constructions, c’est peut-être l’avenir même du Nord-Kivu qui se joue, dessinant les contours d’une histoire encore à écrire.
Franck T.