La ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu a vécu une nuit de jeudi 11 au vendredi 12 juillet des tensions : des coups de balles ont chanté l’hymne de la mort durant de longues heures, et nombreux sont ceux qui n’ont pas fermé l’oeil, craignant pour leur sécurité.
Le vendredi, des habitants ont cherché en vain à savoir sur ce qui s’est passé durant la nuit, et comme personne n’arrivait à donner satisfaction à leur quête, ils se sont contentés de se résilier : c’était des bandits armés, cette bande de 40 voleurs qui oeuvre en toute liberté dans une ville, en pleine opération “Safisha muji wa Goma”.
Ce qui ne se comprend pas, ce que personne, aucune autorité n’a eu l’audace d’expliquer à la population sur les origines de ces crépitements de balles et moins encore, sur les mesures qui sont prises pour éviter pareille situation dans l’avenir.
Pourtant, la mairie a entrepris une série sans fin de présentations de “présumés” criminels dans le cadre de l’opération “Safisha muji wa Goma”, laquelle ne produit aucun effet palpable sur le terrain : des maisons sont toujours cambriolées et des biens emportés, les 40 voleurs montent “en puissance” et les assassinats poursuivent en toute quiétude, leur bonhomme de chemin.
L’image véhiculée au travers ce silence, pose des questions : envers qui sont redevables ces autorités de l’état de siège ? À Kinshasa, peut-être. Dans une ville et dans un pays “sérieux”, ces autorités devraient ne fut-ce qu’infomer le citoyen lambda sur ces coups de balles, pour le mettre en confiance et qu’il sache au moins sur quel pied danser quand il devra faire ses courses, sachant déjà que les supplétifs de l’armée rwandaise se trouvent à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville de Goma.
Nombreux sont ceux qui remettent encore et toujours en doute les présumés criminels présentés en cascade et durant de longueurs de journées à la mairie de Goma. Le maire vante son opération “Safisha muji wa Goma”, dont il est le seul à connaître le résultat et l’impact sur le terrain. Il ne dit toujours pas ce qu’on fait de ces personnes “arrêtées” au lendemain de leur remise entre les mains de la justice, si on peut encore parler de la “justice”.
Durant la soirée de ce vendredi, au moins quatre personnes on été abattues dans et autour de la ville de Goma et comme dans l’habitude, personne ne donnera d’explications à ces populations, qui n’ont personne pour se justifier sur comment les choses sont gérées.
Les autorités ne communiquent que quand elles veulent communiquer sans tenir compte de la situation sur terre. Ces derniers jours, des hommes armés ont eu en pleine journée, à opérer dans un shop de vente des téléphones dont le bâtiment constitue l’un des murs de la mairie de Goma.
S’ils opèrent librement à la mairie, quid des habitations se trouvant loin de cet endroit, qu’on jugerait presque sécuriser dans une ville où la sécurité ne fait plus partie du quotidien ?
En ville de Goma, des précautions sont importantes pour espérer rester en vie. Déjà, des bandits armés oeuvrent librement durant la journée et ce n’est pas la nuit qu’ils sont inquiétés. “Rédiger un testament est une précaution sincère et non négligeable”. Cela peut être le dernier geste à faire avant d’être emporté par une insécurité qui défie l’état de siège.
Guerschom Mohammed Vicci