Lors d’un point presse lundi 27 mai à Goma, dans le Nord-Kivu, Médecins sans frontières (MSF) a déploré la détérioration significative de la situation humanitaire dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles, souvent contraintes de fuir leurs foyers en raison des affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo, appuyées par des groupes d’autodéfense, et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Seulement pour le mois d’avril 2024, MSF a déjà pris en charge au moins 1 700 cas de victimes de violences. Sur les huit sites de l’organisation à Goma, au Nord-Kivu, 110 victimes de violences sexuelles sont enregistrées quotidiennement. Pour ces sites situés dans le territoire de Rutshuru, Marie Brun, coordinatrice des urgences de MSF souligne que ces chiffres ont quintuplé depuis 2023, aggravant la dégradation du contexte.
Parmi les défis majeurs, outre l’aide humanitaire insuffisante pour répondre aux besoins, l’accès à certaines zones reste un casse-tête permanent, entravant l’approvisionnement. Cette situation contraint MSF à suspendre ou réduire ses activités dans certaines régions, affectant les bénéficiaires, principalement des personnes déplacées.
« Le 3 mai, il y a eu des décès communautaires liés au fait que nous avons dû évacuer nos équipes », explique Marie Brun, appelant au respect du droit international humanitaire, des établissements de santé et à la protection des civils.
Nathalia Torrent, cheffe de mission de MSF évoque une situation « devenant de plus en plus complexe », avec des affrontements se rapprochant de la capitale provinciale du Nord-Kivu.
« Les théâtres d’opérations militaires sont très proches des camps de déplacés », s’alarme MSF, exprimant ses vives préoccupations face aux exactions que pourraient subir les civils, en raison de cette proximité.
MSF insiste sur le respect du droit humanitaire international et la protection des civils pour assurer la continuité de ses activités auprès des déplacés, notamment les soins de santé. L’organisation invite toutes les victimes de violences sexuelles à se rendre rapidement dans ses cliniques pour recevoir des soins appropriés.
Guerschom Mohammed Vicci