Le 06 mai 2003, l’Ouganda se retire de la province de l’Ituri, marquant une date tragique dans l’histoire de cette région, soulignant que « nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme ». Ce jour-là, le retrait des forces ougandaises plonge Bunia et ses environs dans une anarchie totale et un profond désespoir.
La rébellion du 02 août 1998, initialement déclenchée à Goma pour renverser Laurent-Désiré Kabila, a ouvert la voie à l’arrivée du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), dirigé par Wamba Dia wamba soutenus par l’Ouganda et le Rwanda, divers groupes armés ont rendu la situation en Ituri particulièrement complexe. Mai 2003 demeure gravé dans la mémoire des habitants de Bunia, comme l’un des mois les plus difficiles.
Les atrocités commises dans la ville, notamment celles des 19 janvier 2001, 7 et 8 août 2002, ainsi que les affrontements du 06 mars 2003 ont laissé des traces indélébiles. Après le retrait ougandais, plusieurs décès ont été enregistrés à Bunia. Tragiquement, le Diocèse de Bunia a perdu trois prêtres durant ce mois : deux à Nyakasanza et un à la Procure.
Face à cette escalade de violence, les forces de la MONUSCO (anciennement MONUC) se sont révélées dépassées. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 1484 le 30 mai 2003, autorisant l’envoi d’une force multinationale dirigée par la France pour sécuriser Bunia. Cette force de 900 hommes est arrivée en Ituri le 12 juin 2003, avec 400 soldats déployés à Bunia et 500 autres basés à Entebbe.
Cependant, cette intervention est survenue après que les belligérants de l’UPC et FNI aient ont signé un accord de cessez-le-feu le 24 mai 2003. Le gouvernement de transition a été officiellement établi le 30 juin suivant, introduisant une formule magique (1+4), ainsi qu’une administration spéciale intérimaire pour l’Ituri. À cette époque, l’Ituri avait un statut spécial, ni district ni province.
Avec le retour au système classique le 24 juin 2004 – lorsque le district de l’Ituri est revenu sous la direction de la province orientale (Kisangani) – des signes de rétablissement vers la paix ont commencé à émerger. Les groupes armés ont commencé à rendre leurs armes grâce au processus CONADER, et plusieurs leaders reconnus coupables des crimes ont été arrêtés et jugés, certains même devant la Cour pénale internationale (CPI).
Cependant, l’opinion publique continue de s’interroger sur les raisons qui ont conduit à la reprise des atrocités en 2017. Les justifications avancées sont-elles fondées ? Cette question demeure sans réponse claire, alors que la mémoire collective continue d’être impactée par ces événements tragiques.
L’armée ougandaise s’est de nouveau réinstallée dans la ville de Bunia et ses environs sur autorisation du Gouvernement congolais. L’Ituri est toujours sous la coupe de groupes armés locaux et étrangers, menaçant gravement la sécurité des populations, alors que la province n’a pas encore fini de panser ses plaies.
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Chadrack Byaruhanga, depuis Bunia