La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner trace une feuille de route ambitieuse pour repositionner la diplomatie congolaise dans un environnement global en constante évolution. Sa vision se caractérise par une approche holistique et prospective qui dépasse les défis immédiats, pour construire une infrastructure diplomatique moderne et efficace.
Au cœur de sa stratégie, la numérisation qui apparaît tel un levier essentiel de transformation. « Numériser le ministère pour que nous ayons un meilleur contrôle sur nos recettes. Une meilleure visibilité sur nos processus internes », explique-t-elle avec détermination.
Le passage à un système de e-visa illustre parfaitement cette ambition de transparence et d’optimisation des ressources. La ministre ne se contente pas de proposer des solutions technologiques, elle insuffle une philosophie de gestion collaborative. « Je ne me vois pas comme un acteur isolé, mais dans une continuité où plusieurs membres travaillent ensemble : le passé, le présent, l’avenir », révèle-t-elle. Cette approche démontre une profonde compréhension de la dimension institutionnelle et intergénérationnelle de la diplomatie.
La transformation numérique telle qu’envisagée par la ministre s’accompagne d’une réflexion profonde sur la gouvernance diplomatique. En adoptant une approche systémique, Thérèse Kayikwamba Wagner entend non seulement moderniser les processus administratifs, mais également repenser la culture organisationnelle du ministère.
Valorisation des diplomates : une stratégie de transformation managériale
La question des conditions des diplomates a été abordé par la ministre avec une sensibilité et une intelligence managériale remarquables. En effet, la stratégie de Thérèse Kayikwamba Wagner rompt radicalement avec les pratiques bureaucratiques traditionnelles en plaçant l’humain au centre des préoccupations.
La ministre identifie précisément les dysfonctionnements actuels, notamment le système de paiement trimestriel qui pénalise les diplomates en poste. « Vous vous imaginez, vous êtes loin de chez vous, et on accuse un retard. Ce n’est pas un retard d’un mois, c’est automatiquement un retard de 4 mois », souligne-t-elle avec lucidité.
Avec une approche interministérielle et particulièrement innovante, Thérèse Kayikwamba Wagner propose une vision globale qui dépasse les frontières d’un seul ministère. Cette approche qui implique les ministères des finances, celui du budget et également celui de la fonction publique a pour but de créer un écosystème administratif plus fluide et cohérent.
Cette préoccupation pour le bien-être des diplomates, s’inscrit dans une vision plus large de valorisation du capital humain. La ministre comprend que des agents motivés et correctement soutenus constituent le véritable patrimoine d’un ministère. Sa démarche vise ainsi à restaurer la dignité professionnelle des diplomates, souvent confrontés à des conditions de travail précaires et à un sentiment d’isolement.
Identité nationale et souveraineté technologique : le pari du nouveau passeport
La ministre révèle un projet ambitieux de passeport biométrique qui incarne la volonté de la République démocratique du Congo de se conformer aux standards internationaux, à savoir ceux de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) [norme ISO/IEC 39794 qui a succédé à l’ISO/IEC 19794 : 2005 comme norme internationale pour le codage des données biométriques, ndlr], tout en préservant la souveraineté technologique du pays.
D’autre part, le choix du partenaire DERMALOG s’accompagne d’une vision stratégique de long terme. « Nous sommes dans une logique d’une prise en charge continue et progressive de cette responsabilité hautement stratégique », explique-t-elle, démontrant une approche qui va au-delà d’un simple contrat technique. Transparence, anticipation et renforcement des capacités locales caractérisent cette démarche.
Le contrat prévoit non seulement la production de passeports, mais aussi la formation des fonctionnaires et l’implantation future d’une imprimerie nationale, marquant une étape décisive vers l’autonomie technologique.
Le projet de passeport biométrique s’avère être bien plus qu’une simple modernisation administrative. Il représente un marqueur symbolique de la souveraineté technologique congolaise, démontrant la capacité du pays à maîtriser des processus complexes d’identification et de sécurisation documentaire.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique de réappropriation des outils stratégiques, en réduisant progressivement la dépendance technologique externe. Cette démarche de la ministre révèle également une conception éminemment pragmatique du développement national.
En intégrant dans le contrat avec DERMALOG des clauses de transfert de compétences et de développement local, la ministre des affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner pose les bases d’une autonomisation technique progressive. Cette approche illustre parfaitement la volonté de construire des partenariats internationaux qui ne soient pas simplement extractifs, mais véritablement contributifs au développement des capacités nationales.
Claudine N. I et Franck T.