Une année après la dernière éruption du volcan Nyiragongo du 22 mai 2021, les sinistrés demeurent dans l’incertitude en ce qui concerne leur sort et se sentent déjà délaissés par le gouvernement congolais.
Lors d’une série de reportages réalisés ce dimanche 22 mai dans les sites de Kibati, en territoire de Nyiragongo, et de « Kisoko »(petit marché) se trouvant dans le quartier Katoyi, commune de Karisimbi en ville de Goma, ces sinistrés rencontrés nous ont laissé palper du doigt leurs calvaires.
Dans le Kibati, premier site que nous avons visité dans le territoire de Nyiragongo, tous les abris sont en bâche et portent la marque d’une organisation internationale. Ici, les sinistrés se plaignent du manque d’eau depuis plus de quatre(4) mois écoulés. Ils sont contraints de se procurer un bidon contenant l’eau de pluie à quatre cents (400) voire cinq cents (500) francs congolais. Ce qui met leur vie dans un danger énorme et craignent déjà pour la maladie de choléra et d’autres liées aux mains sales.
L’un d’entre eux, Rukara Nzaino, dont la maison a été brûlée dans le village Kabaya, indique avoir reçu les dons du gouvernement seulement durant les mois d’octobre et de novembre alors qu’il était encore novice dans ce site. Et depuis, aucun autre n’est venu de la part du gouvernement.
« Nous avons reçu les dons du gouvernement au mois d’octobre et de novembre et les aides s’étaient stoppées. L’aide de l’État était constituée du poisson salé, l’huile et un sac de semoule. Nous avons encore reçu la nourriture durant le mois d’avril et celui-ci de la part d’une ONG. On vivait sans aide avant l’arrivée de l’ONG. » renchérit-il.
Celui-ci raconte qu’ils achètent l’eau auprès des habitants du milieu qui vendent à 400 même 500 fc le bidon d’eau de pluie qui se fait aussi malheureusement rare. Et donc, ils parcourent des maisons pour retrouver cette eau. Il ajoute qu’ils ne sont qu’obligés de prendre bain une seule fois par semaine suite à cette carence.
Là, devant nous, s’assoit une mère de famille qui se plaint de la santé de ses enfants. Elle laisse entendre que les enfants courent des risques incalculables des maladies de mains sales car, même les toilettes, en plus de ce manque criant deau, sont tellement sales. Et pourtant, ces toilettes sont moins de vingt(20) pour trois cents nonante trois (393) ménages peuplés d’enfants.
Ceux-ci regrettent que même les bons médicaux qu’ils avaient au centre de santé de Kanyaruchina avaient déjà expiré depuis le mois de février dernier. Ils sont depuis lors contraints de se débrouiller. « C’est du chacun pour soi. » crie ce visage qui porte la marque de la souffrance et de tristesse.
Ici, au site de Kisoko de Katoyi, c’est le calvaire qui trouve son sens le plus fin. Des maisonnettes construites par ces sinistrés laissent déjà entrevoir un degré de misère d’une autre sphère.
À en croire la vice-secrétaire de ce site, Marasi Anne, leur souffrance est au paroxysme car ils manquent de l’eau, de la nourriture et pire, ces « maisons » sont au dernier stade de vieillissement. Elle affirme que ce qui les retient encore à cet endroit, c’est le manque de moyens.
Marasi renforce le clou dans le bois en soulevant l’absence totale du soutien du gouvernement depuis leur hébergement à ce lieu mais reconnaît quand-même l’aide que leur apportent les particuliers.
« Seulement la première dame nous avait rendus visite et d’autres particuliers dont les églises. On n’a pas d’eaux, on se débrouille seulement. On a que deux (2) toilettes pour cent et dix (110) menages avec des enfants dans quasi toutes les maisons. Le matin, nous faisons l’alignement pour se succéder dans les toilettes. Celui qui se réveille en premier entre et les autres attendent qu’il finisse. Cette année passée ici paraît comme dix (10) ans car la souffrance est élevée. » renseigne la vice-secrétaire.
Cette ne consomme pas le fait que ce manque d’eaux a conduit plusieurs enfants à souffrir de la gale sans aucune assistance médicale, mettant ainsi la vie de ces enfants en danger depuis la fin de leurs bons dans une structure sanitaire plus proche.
Toutes ces victimes de la dernière éruption du volcan Nyiragongo chantent à l’unisson l’appel au gouvernement de leur venir en aide afin qu’ils regagnent les abris naturels car ils n’en peuvent plus.
Signalons ici que l’endroit jadis consumé par la coulée des laves revêt déjà sa plus belle robe depuis deux semaines passées avec des maisons qui naissent comme des champignons. Les gens y construisent déjà et certains y habitent depuis lors.
Guerschom Mohammed Vicci